Les Bleu Pelouse : Band de rue
Les Bleu Pelouse ont tout d’abord poussé dans la rue. Depuis peu, le quartette bluegrass propage sa musique sur scène.
Si le classique du septième art Orange mécanique avait mis en vedette Les Bleu Pelouse, il en aurait résulté un film aux accents jazzy où la violence aurait laissé place à des solos de gazou et d’égoïne: "On a commencé dans les rues de Québec il y a six ans, raconte Patrick Simard. On était quatre étudiants en physique à Laval et on s’était dit: "Cet été, on va foutre la marde dans le Vieux-Québec." Donc, on s’est trouvé des vieilles tounes de Johnny Cash et de Pete Seeger en plus d’une guitare, un banjo, une mandoline, une scie et une planche à laver."
À la différence du canevas traditionnel où les formations font leurs premières armes de façon confidentielle dans un salon ou un sous-sol, Les Bleu Pelouse ont donc affronté le public dès le début. L’exercice se sera révélé riche en expériences de toutes sortes. "Dans la rue, si tu veux survivre, il faut que les gens apprécient ta musique et que tu choques un peu le regard. Il faut tout le temps qu’il se passe quelque chose. Tu peux pas être plus live que dans la rue. Des fois, tu fais un pot-pourri de blues des années 50 jusqu’à aujourd’hui et tu te retrouves entouré d’une vingtaine de jeunes, fous comme de la marde, qui trashent et dansent."
Malgré leur nom plutôt ludique, Les Bleu Pelouse offrent un contenu qui est le fruit de longues investigations poussées. Si la bande donne maintenant dans le bluegrass et le charleston, il n’y a là aucune part de hasard. "Le travail de recherche des chansons, on doit ça principalement à notre guitariste, Mathieu [Riopel]. Il décortique tout ce qui lui tombe sous la main et ça se sent beaucoup dans son jeu de guitare. D’ailleurs, c’est Mathieu qui conçoit tous nos arrangements. Quand on va chez lui, il y a toujours un vinyle qui joue et c’est vraiment impressionnant parce que c’est tout le temps du vieux stock."
Bien que le groupe ait un malin plaisir à jouer sur les trottoirs, celui-ci a succombé à l’appel de la scène. Toutefois, une telle transition est beaucoup moins simple qu’elle ne le semble. "Notre gros travail dans les deux dernières années, ça a été de sortir le spectacle de la rue. C’est pas facile les bars, les salles et les festivals. La grosse nuance, c’est que dans la rue, tu es direct dans le public. Si les gens aiment ça, ils restent et sinon, ils s’en vont. Sur scène, il y a un espace entre toi et le public et tu as à gérer ce fossé."
Encore une fois, on peut parler d’un énorme travail de recherche de la part des Bleu Pelouse en ce qui a trait à la mise en scène. "En temps normal, quand on va voir un groupe en show, les gars jouent leur toune, se penchent la tête et enchaînent vers la suivante, et à la fin, c’est bonsoir tout le monde. Nous, on essaie d’aller au-delà de ça. On tente de créer une ambiance liée à chaque pièce que nous jouons, quitte à même émouvoir le public à travers nos gestes."
À écouter si vous aimez /
Les hommes-orchestres, le bluegrass, le charleston