Brigitte Saint-Aubin : Rêver les deux pieds sur terre
Musique

Brigitte Saint-Aubin : Rêver les deux pieds sur terre

Pour la première fois, Brigitte Saint-Aubin vient nous présenter ses chansons, reflet d’un quotidien bucolique. Des réflexions lucides et parsemées de poésie.

Il y a de ces artistes qui font les choses à leur rythme. L’auteure-compositrice-interprète Brigitte Saint-Aubin semble de ceux-là. Depuis la sortie de son deuxième album Les rêves à l’envers – il y a maintenant presque deux ans -, la musicienne ne s’est pas lancée dans un marathon de concerts, loin de là. Seuls quelques spectacles à Montréal, où elle habite, ont ponctué sa dernière année. Native de Québec, la voici maintenant pour la première fois en salle parmi nous. "J’attendais surtout l’occasion idéale de venir à Québec, précise-t-elle, mais aussi de venir jouer au Théâtre Petit Champlain. C’était la salle que je voulais!" Voilà qui est chose faite.

En compagnie de trois musiciens, Brigitte Saint-Aubin se permettra de visiter le répertoire de son dernier album et celui d’Être…, son tout premier, qui lui avait valu d’être remarquée aux Prix de la musique folk canadienne en 2007, où elle avait récolté un trophée comme meilleure artiste de la relève. Toujours appuyée par des mélodies aériennes, sa poésie est introspective et empreinte d’une certaine nostalgie. "Le thème central d’Être…, c’était de m’accepter telle que je suis; avec Les rêves à l’envers, c’est d’accepter le chemin qui se présente devant soi et la vie qui s’impose un peu plus. Le troisième album sera sans doute moins introspectif. Je regarde plutôt vers la société qui m’entoure et je me demande comment je pourrais m’y positionner. Autrement dit, à quel jeu on joue? Qu’est-ce que j’ai à lui offrir et qu’est-ce qu’elle peut me donner en retour? Je ne donne pas encore dans la chanson contestataire, mais je me permets tout de même d’appuyer mes convictions."

L’artiste étant partisane d’une facture folk acoustique, on pourrait bien ranger son travail aux côtés de celui de Maryse Letarte, même si celui-ci a une esthétique musicale plus singulière. Une remarque qui semble lui plaire. "J’aime beaucoup le travail de Maryse. Moi, ce que j’aime dans une chanson, c’est lorsqu’elle s’adresse à quelqu’un et qu’elle interpelle. Et sur scène, c’est plus facile d’avoir une symbiose avec le public. C’est le genre de musique qui m’attire. J’aime les mots. Je suis de celles qui aiment encore plonger dans le livret d’un disque. Si les paroles n’y sont pas, je ne suis pas contente!"

L’auteure compte bien retourner en studio à l’automne prochain pour compléter son troisième album. Elle compile déjà les nouvelles compositions, dont quelques-unes feront sans doute leur chemin lors de ce nouveau concert. "J’aime bien Glamour, qui est une forme de plaidoyer ludique sur l’importance de l’image. C’est partout et ce n’est pas d’hier; Boris Vian en parlait lorsqu’il chantait Je suis snob. C’est seulement qu’aujourd’hui, avec les Facebook et Twitter de ce monde, c’est devenu ridicule… On se construit une image et c’est devenu aussi important que lorsqu’on avait 16 ou 17 ans. Un âge où il était primordial de faire partie d’un groupe ou d’un clan. Aujourd’hui, j’ai l’impression que ce "besoin" ne connaît plus de fin. On n’est jamais rassasié."

À écouter si vous aimez /
Maryse Letarte, Andrea Lindsay, Marie-Pierre Arthur