Roxanne Potvin : Plaisir, entre chez moi
Sur son quatrième album, Play, Roxanne Potvin fait tomber moult barrières pour tâter la liberté de celle qui se jette dans le vide. Simplement pour savoir où elle retombera.
Ceux qui aborderont l’écoute de Play, le quatrième album de la Gatinoise Roxanne Potvin, de la même façon qu’ils l’auront fait pour Careless Loving (2004), The Way It Feels (2006) et même No Love for the Poisonous (2009) risqueront d’être stupéfaits, voire déroutés. Si le r&b et le blues des liminaires rendez-vous viennent toujours enluminer l’ensemble, c’est plutôt le folk et le rock qui s’éclatent, témoignant d’un souci particulier de la part de Potvin de se laisser planer aux limites des genres, quitte à les transcender. La chanteuse explique ce changement de cap: "Dans le passé, je me suis mis trop de pression pour faire des bonnes chansons. J’ai décidé que pour cet album-là, j’allais me concentrer sur le plaisir qui découle de la création."
Potvin n’aurait pu dénicher prémisse plus émancipatrice. "Je me suis permis d’explorer différents styles, d’oser. Parfois, tu t’empêches parce que tu t’attardes sur ce que les autres attendent de toi. En m’attardant au plaisir, j’ai laissé tomber tout ce qui avait pu me retenir." Ainsi, à son arrivée à Montréal, dans le sillon de la tournée qui a suivi No Love for the Poisonous, la chanteuse a décidé de se pencher sur son métier: écrire des chansons. "J’ai fait beaucoup de recherche personnelle, j’ai suivi des cours en ligne. Je me suis posé la question: "Comment on fait une chanson?" Tout ça convergeait vers le fait que mon futur album allait représenter moi, Roxanne Potvin, libérée de tout", affirme la chanteuse aux cheveux d’ébène. De cette fixation sur la chanson, elle retiendra Born to Win et Keep Your Head, deux pièces qui bénéficient de vers à la concision convoitée. "Je ne voulais que le strict minimum. Si, avec ça, le message est clair, tu peux te permettre d’en rajouter. Mais je tenais à être le plus succincte possible. Ça ajoute à l’exactitude du propos et à sa force."
Un labeur créatif qui, mentionne la chanteuse, s’apparente étrangement à celui de l’archéologue. "Tu creuses pour trouver le bon mot, la bonne émotion. La chanson, le texte sont toujours enfouis en nous; il faut du travail, de la patience pour sortir le squelette intact."
Un court silence. La chanteuse reprend et conclut, après une gorgée de latte: "Ça n’a pas été un cheminement facile, loin de là. Tout ce que je sentais, c’était qu’il fallait que je prenne le risque de suivre mes instincts. Au risque que les gens ne me suivent pas."
Roxanne Potvin
Play
(Black Hen)
À écouter si vous aimez /
Sue Foley, Tracy Bonham, Marie-Pierre Arthur