Stefie Shock : Les trouvailles de Stefie
Stefie Shock lance La mécanique de l’amour, un cinquième album pop plus électro, mais toujours aussi groovy.
La première phrase du nouvel album de Stefie Shock est éloquente. Dès l’ouverture atmosphérique de la pièce L’amour est pur l’amour est dur terminée, le Montréalais affiche ses couleurs. "Du rouge dans le sang / Du sang dans le gland", chante-t-il avec ce même timbre de voix grave, limite monotone, qui le caractérise depuis la parution de son premier disque en 2000.
"Ouais, c’est assez direct", constate le musicien en rigolant. "À un certain point, je me demandais même si ce n’était pas de mauvais goût, mais à cause de son introduction, la pièce devait ouvrir l’album."
Pas de souci. Bon parolier, Stefie Shock ne frôle jamais le mauvais goût, même qu’il étonne avec quelques jeux de mots simples, mais évocateurs, comme ce fameux "donner sa langue aux chattes" entendu dans la même pièce.
Malgré son titre, il ne faudrait pas croire que La mécanique de l’amour soit un disque conceptuel ou un quelconque guide sur les relations hommes/femmes, un sujet trop complexe pour être décortiqué sur un seul album. "C’est vrai que l’amour est souvent présent dans mes textes, à différents degrés d’interprétation, mais si ça donne l’effet d’un fil conducteur, c’est par pur hasard. La mécanique de l’amour est aussi le titre d’une pièce de l’album. J’aimais l’image. En général, mes idées sont trop disparates pour pouvoir accoucher d’un disque-concept. C’est la même chose pour ma musique. Je ne pourrais pas me lancer dans un album folk ou rock pur. M’imposer un concept me semblerait trop contraignant."
Plutôt que de s’enfermer dans un canevas, l’homme préfère créer à partir des trouvailles que lui sème la vie. Voilà à quoi auront servi les cinq ans écoulés depuis la parution du précédent disque Les vendredis, à accumuler les idées. "Peu importe la période de ma vie ou le pays dans lequel je me trouve – il a récemment visité le Liban et la Polynésie -, l’auteur-compositeur en moi travaille constamment. À la maison, j’ai un babillard avec une multitude de petits bouts de papier sur lesquels figurent des bribes de textes. C’est la même chose pour les riffs. Je les accumule. Je les réécoute. Je les fusionne. Lorsque le matériel est assez abondant, j’en extrais le meilleur pour fabriquer le disque."
Cette idée de "trouvailles" revient lorsqu’on interroge le multi-instrumentiste sur la présence plus marquée des synthétiseurs. "Au moment d’enregistrer Les vendredis, je venais de mettre la main sur une super guitare acoustique. J’en avais mis partout sur l’album. Ces derniers temps, j’ai découvert des programmes de claviers virtuels vraiment tripants. Ça a guidé mon travail de composition, tout comme ce vieux piano entendu sur deux ou trois pistes. J’ai trouvé un magnifique piano droit, centenaire, mais terriblement faux. Je l’ai fait accorder deux fois, il n’y a rien à faire. Mais je ne veux rien changer dessus parce que j’aime vraiment sa sonorité. Je n’aurais jamais obtenu ce son avec un Yamaha complètement neuf."
En concert lors des prochaines FrancoFolies de Montréal, Stefie promet une performance à l’image du disque, plus rock et électro. "Au fond, ces changements d’instruments me permettent d’éviter la redite. Et ça tombe bien, je suis du genre à vite me lasser lorsque les choses stagnent."
Stefie Shock
La mécanique de l’amour
(Tacca)
En vente le 26 avril
À écouter si vous aimez /
Dumas, Serge Gainsbourg, Jean Leloup