The Blue Seeds : L’alignement des planètes
Avec Belt of Venus, The Blue Seeds prendront le temps de parcourir la planète Québec avant de traverser à nouveau l’Atlantique.
Lorsque les illustrateurs de la superbe pochette du nouveau disque du (désormais) sextuor The Blue Seeds ont commencé leur travail, il leur manquait un élément plutôt important: un titre. La pression se faisant sentir, François Dufault a opté pour Belt of Venus, une expression datant de l’époque victorienne. "Ça fait référence au moment de la journée juste après le coucher du soleil", explique le guitariste qui, en 2004, fondait le groupe avec la chanteuse Amélie Laflamme. Ce mélange d’ombre et de lumière, ces quelques secondes lors desquelles l’horizon partage le jour et la nuit, c’est l’espace-temps des Blue Seeds.
Tout comme l’offrande précédente, le rock planant de Belt of Venus contient sa part de spleen. "On est très fiers de notre premier disque. C’est un style qui nous va bien, c’est notre univers. C’est par défi personnel qu’on ne voulait pas faire la même chose. Mais quand tu vises ailleurs, tu finis par arriver quelque part au milieu." Ainsi, pas de petite révolution; on retrouve les sonorités atmosphériques du groupe un peu comme on reprend la route d’un voyage qu’on a aimé. "Ce fut un long travail de construction et de déconstruction. C’est plus up-tempo, avec plus de groove. Il faut dire qu’on a une nouvelle section rythmique." Jean-Sébastien Brault-Labbé (batterie) et Martin Farmer (basse) ont joint les rangs de la bande, aux côtés de Roger Miron (guitare) et d’Eric Rathé (claviers). Quant aux collaborations pour l’album, notons celle de la violoniste Sophie Trudeau (Godspeed You! Black Emperor).
C’est aussi par les paroles que François Dufault voulait sortir de sa zone de confort. "Ma mission était d’avoir des phrases plus courtes. Je voulais travailler les sonorités, que ce soit plus rythmé." Si le musicien propose des textes et des mélodies, c’est celle qui les interprète qui a le dernier mot, d’autant plus que les thèmes de son acolyte exigent une certaine prédisposition à la mélancolie (solitude, fuite, méandres amoureux…). Des sujets peu usuels sont également abordés: par exemple, la solennelle A World Left Behind porte sur la maladie d’Alzheimer. "C’est sûr qu’il faut qu’Amélie soit capable d’incarner les propos. Elle trouve les bonnes tonalités, fait les harmonies vocales… Elle personnalise les chansons."
À l’aube de leurs retrouvailles avec la scène, The Blue Seeds se font déjà courtiser par l’Europe, mais cette fois, c’est au Québec que le groupe veut concentrer ses énergies. "On a appris que travailler un territoire où tu n’habites pas, c’est du sport! Il faut être présent. En Europe, on a des acquis pour y avoir joué, mais là, on sait qu’on n’a pas encore la structure qu’il faut." Parfois, attendre l’alignement des planètes relève de la sagesse.
The Blue Seeds
Belt of Venus
(L-Abe/Select)
À écouter si vous aimez /
Cowboy Junkies, Calexico, Neko Case