Bet.e : Valser avec le temps
Bet.e continue de surfer sur la vague B.coming, disque parfumé de musiques du monde.
Ni le glissement discret du sablier ni le tic-tac du pendule ne semblent inquiéter la charmante Bet.e. Celle qui a lancé B.coming (2009), son premier album solo, six ans après la dissolution du duo Bet.e & Stef avoue n’avoir aucune idée du moment où son actuelle tournée cessera.
"C’est une espèce de tournée qui n’a pas de début ni de fin. Car quand on me demande de faire un spectacle, je fais un peu de tout", explique-t-elle doucement. En fait, son objectif, c’est de répondre aux désirs de chacun. "Automatiquement, je fais des pièces de B.coming, mais je revisite aussi Day by Day, Jazz/Bossa nova et des classiques du répertoire de la bossa-nova, en plus de présenter de nouvelles chansons. Je ne fais jamais le même spectacle."
À Gentilly, cet exercice, l’auteure-compositrice-interprète le réalisera avec le guitariste Paul Andy, présent lors de l’enregistrement de B.coming, et le bassiste Alain Picotte. "Ça va être la première fois que je joue avec eux en formule voix-guitare-basse. C’est comme ça que j’ai commencé avec Bet.e & Stef. Mais ça fait longtemps que je n’ai pas joué en trio. Ce show va vraiment nous ramener à l’essentiel."
Un concept pensé exprès pour le Moulin Michel. "J’ai étudié un peu la place et j’ai compris qu’il y avait beaucoup de résonnance, qu’on entendait très bien chaque son. J’ai donc décidé de ne pas mettre de batterie, de grosses percussions ni de cuivres. Ça serait trop fort. Car tu as beau jouer doucement, ça crée un certain volume pareil. Et dans un endroit qui est petit et qui a une belle acoustique, ça vaut la peine d’enlever des morceaux!"
LE TEMPS QU’IL FAUT
Lorsqu’on survole la carrière de Bet.e, on constate que rien n’a jamais été précipité. Chacun des gestes de la chanteuse paraît avoir été étudié, calculé, médité. Est-ce le cas? "En général, oui. C’est drôle que vous me parliez de ça parce que justement, ces derniers temps, j’étais en train de me dire qu’il ne faudrait pas que ça vire en défaut. C’est le fun de prendre son temps, mais… Je suis Balance; alors, je suis très aérienne. Des fois, il faut que je me rappelle de me "grounder" et d’aller plus dans l’action, de penser moins à la vision et à la création. À un moment donné, il faut rendre les créations réelles", souligne en riant celle qui passerait bien ses journées entières cloîtrée dans son studio.
Malgré tout, la passionnée de musiques du monde force rarement les choses. Encore moins quand il est question d’écriture. "Ça ne m’arrive presque jamais de m’asseoir pour composer une chanson. Surtout pour les paroles, ça a tendance à venir tout seul."
Elle signale d’ailleurs avoir éprouvé une grande joie la première fois qu’elle a réussi à composer en français – À mon réveil qui figure sur B.coming: "Il y a beaucoup d’allitérations et d’assonances dans la bossa-nova; ça fait comme des petites vagues sonores. Il y a un jeu entre le phrasé de la voix et la guitare. La guitare bégaie et, vocalement, tu essaies de tisser autour. Le portugais se prête bien à ça. Quand je me suis mise à écrire en français, j’ai réalisé que ça sortait de cette façon-là aussi."
"Le français, c’est une super belle langue, mais qui est très complexe. Quand t’écris une chanson en français, tu choisis par conséquent un niveau de langage. Et je pense que celui-ci doit être en harmonie avec la façon dont tu parles réellement dans la vie. Car après il faut que tu vives ça sur scène et que ça soit vrai", conclut la musicienne, qui devrait chanter avec le Grand Orchestre de la Mauricie au cours des prochains mois.
À voir si vous aimez /
Astrud Gilberto, Florence K, Emilie-Claire Barlow