Scala & Kolacny Brothers : Deux gars, vingt-trois filles
Musique

Scala & Kolacny Brothers : Deux gars, vingt-trois filles

La chorale belge Scala & Kolacny Brothers connaît un engouement monstre depuis sa participation à la trame sonore du film The Social Network. Le choeur s’amène en ville pour présenter son répertoire, dont cette fameuse reprise de Creep (Radiohead).

Incluse dans la bande annonce du film The Social Network du réalisateur David Fincher, la pièce est à vous jeter à terre. Les effets secondaires varient entre la chair de poule et le larmoiement. Dépouillée de sa distorsion, Creep de Radiohead flirte avec un tout autre registre d’émotions lorsque jouée au piano et chantée par… 200 Néerlandaises.

Baptisée Scala & Kolacny Brothers en référence aux frères Kolacny qui la dirigent (Steven est pianiste/directeur artistique, Stijn agit à titre de chef d’orchestre), la chorale avait déjà attiré notre attention en 2009, lorsqu’elle s’était produite au centre-ville de Montréal dans une structure haute de cinq étages lors du festival Juste pour rire.

Deux ans plus tard, Scala revient de ce côté-ci de l’Atlantique en format réduit (23 choristes) pour une tournée nord-américaine qui coïncide avec la parution d’une compilation homonyme. Une percée inhérente au succès de Social Network. "Les deux bras me sont tombés quand j’ai vu la bande annonce du film, confie Stijn Kolacny. C’était presque un vidéoclip de Scala. Ça a complètement changé notre vie professionnelle. Et puisque le long métrage est sorti un peu partout sur la planète, la demande vient des quatre coins du monde. Croyez-moi, le pouvoir d’un blockbuster hollywoodien est énorme!"

De prime abord, l’idée paraît simple. Prendre un tube rock pour le dénaturer et l’orchestrer selon un tout autre registre est devenu franchement courant. Or, pour reprendre les mots de Daniel Bélanger, "tout est dans la manière". En optant pour des reprises sobres de titres plus à gauche, des compositions de Foo Fighters, Depeche Mode, Nirvana ou Leonard Cohen, Scala convainc un public de tout acabit. "Nous avons déjà essayé de reprendre des pièces plus mainstream, comme des tubes de Madonna ou Robbie Williams, mais ça devenait trop cheezy. À l’inverse, les pièces plus indé nous paraissent moins prévisibles. On aime aussi les contrastes. Ma mère ne serait jamais capable d’écouter du Metallica, pourtant, elle adore notre version de Nothing Else Matters. Nos interprétations permettent à n’importe quel public d’apprécier le talent mélodique d’un groupe, nonobstant son registre."

Stijn et son frère souhaitent surtout briser le mythe voulant qu’un spectacle de chorale soit de facture classique, voire ennuyant. "Lorsque nous avons fondé Scala en 1996, notre répertoire était traditionnel. Nous y avons intégré un titre pop pour la première fois en 2001, lors de la finale d’un concours près de Vancouver. Nous avions interprété I Think I’m Paranoid de Garbage. Les membres du jury avaient été choqués. Ça nous avait valu la dernière place, mais la foule, majoritairement composée de jeunes provenant des autres chorales inscrites, avait adoré."

Et pourquoi des filles âgées entre 16 et 27 ans seulement? "On préfère le son des jeunes voix féminines au son d’une chorale masculine qui m’apparaît trop héroïque, comme le Choeur de l’Armée rouge, par exemple. On aime la subtilité des filles, la douleur et la tristesse qu’elles arrivent à faire passer dans leur voix. Et puis les filles sont plus organisées que les garçons. Tu nous imagines en tournée avec 23 gars!"

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