Tame Impala : L’enfant prodige
La sensation rock indé australienne Tame Impala débarque avec InnerSpeaker, un disque enregistré en solo par le multi-instrumentiste et chanteur Kevin Parker.
Rares sont les albums de rock psychédélique agréables, peu importe le contexte d’écoute. Les guitares électriques peuvent rapidement agresser la conversation du souper, et les mélodies vocales trop écrasantes nuisent souvent à l’ambiance d’une fête entre amis.
Paru au printemps 2010, le premier disque du groupe australien Tame Impala, InnerSpeaker, est une valeur sûre en toutes circonstances. Ses guitares électriques à la Cream ne passent jamais devant ses rythmes de batterie groovy ou devant la voix du chanteur Kevin Parker (ex-Dee Dee Dums) qui évoque celle de John Lennon.
Souvent taxé de groupe nostalgique des années 60 – ajoutez ici tous les clichés possibles: pattes d’éléphant, patchouli, chandail multicolore -, Tame Impala rappelle pourtant le travail de Caribou, celui de l’album Andorra en particulier. "Dan Snaith fut certainement une influence dans le son de l’album. Je cherchais ce vaste spectre sonore et ces ambiances hypnotiques qui se rapprochent de la musique dansante. Je ne partage pas l’avis des gens qui voient en Tame Impala un groupe classique rock psychédélique des années 60. Dans ma tête, les rythmes du disque découlent de ceux plus trip-hop de Portishead. Mais je ne m’en formalise pas. J’ai appris à voir le mot psychédélique comme un compliment et non comme une étiquette. En 2011, les journalistes ont tendance à qualifier une musique de "psychédélique" lorsqu’elle les transporte ailleurs."
S’il utilise majoritairement la première personne pour parler au nom de Tame Impala, c’est que Kevin Parker a presque tout joué sur InnerSpeaker, et ce, à l’âge de 23 ans! "Pas que je ne faisais pas confiance aux autres membres, c’est juste que j’avais un son précis en tête. Je m’enregistre depuis que j’ai 11 ou 12 ans. J’utilisais à l’époque un lecteur de cassettes pour capter mes pistes de batterie et puis je les faisais jouer en ajoutant du clavier. J’enregistrais alors le tout avec un deuxième magnétophone."
Cette fascination a son prix. Complètement paumé lorsqu’il a reçu l’à-valoir de sa maison de disques Modular (Cut Copy, Wolfmother), Parker a tout dépensé sur eBay en une soirée. "Je n’étais jamais allé sur ce site. Je suis devenu fou. J’ai acheté une tonne de vieux instruments et de matériel d’enregistrement. La plupart des trucs que j’ai trouvés (pré-ampli, machines à écho) ne fonctionnent même pas et sont juste bons pour le musée. Ça m’apprendra à mélanger alcool et eBay."
À voir si vous aimez /
Caribou, Cream, Dungen