The Kills : Petites morts
Musique

The Kills : Petites morts

The Kills frappent encore dans le mille avec Blood Pressures, preuve que malgré une formule simple, ramenée à l’essentiel, les horizons se multiplient. Et la paire revient virer la ville à l’envers, y semer chaos, désir, tension.

Comment Jamie Hince et Alison Mosshart allaient-ils s’y prendre pour rebondir après un album aussi réussi que Midnight Boom? se sont demandé les fans à la sortie de Blood Pressures, accueillant le quatrième album du duo avec un mélange d’excitation et d’appréhension. Premier constat, cette nouvelle galette est peut-être moins frontale et immédiate, la tension y est déployée autrement que par le passé, mais malgré une musique crue, viscérale, ramenée à l’essentiel, les Kills ne semblent jamais à bout de ressources. Dans la durée, le duo s’impose et suivre les étapes de son évolution s’avère excitant d’un chapitre à l’autre.

Sur Blood Pressures, on découvre même une nouvelle facette des Kills: Wild Charms et surtout The Last Goodbye, deux ballades sensibles où pointe une certaine vulnérabilité, tant dans le propos que dans l’interprétation, révélent de nouveaux territoires à explorer. On n’est pas au bout de nos surprises et enchantements avec ce groupe: "Oui, jusqu’ici, avec les ballades, on trichait un peu en leur donnant ce côté lo-fi à la Velvet Underground (voir Goodnight Bad Morning sur Midnight Boom, par exemple), reconnaît Jamie Hince. Quand The Last Goodbye m’est venue, c’était sous cette forme de ballade underground, mais dans la mesure où l’on cherche à avancer, à éviter si possible la redite, j’ai décidé que le moment était venu d’essayer autre chose, et ça s’est transformé en valse!"

Alison Mosshart est une chanteuse solide, impressionnante, et on comprend en la voyant baisser ainsi la garde à quel point son registre est varié, à quel point elle peut faire corps avec l’émotion véhiculée par la musique. Il y a même un peu de Patsy Cline en elle et on ne l’avait jusqu’ici jamais entendue chanter ainsi. D’ailleurs, dans la pure tradition blues, une véritable conversation entre les lignes de guitares et de voix se fait entendre chez les Kills. L’expérience d’Alison avec les Dead Weather a-t-elle laissé des traces? "Oh oui. Elle est revenue de là avec une voix un peu différente; difficile à éviter, j’imagine, quand tu t’époumones chaque soir entourée de trois gars et de puissants amplis… Plusieurs critiques ont mentionné la ressemblance entre les grains de voix de Jack White et d’Alison, au point que par moments, on ne sait plus trop qui chante et je suis d’accord avec cette observation. Mais ce qui est bon pour les Dead Weather ne l’est pas nécessairement pour les Kills. Alison est revenue de là avec une voix vraiment puissante, c’est devenu évident en studio et on a travaillé ensemble pour qu’elle renoue avec l’ancienne dynamique, celle des Kills, avec quelque chose de plus fragile et pur, une voix qui peut même se briser par endroits."

À l’origine de Blood Pressures, les sujets habituels: "Toujours cette recherche d’un équilibre entre obscurité et lumière, entre espoir et misère, romantisme et cruauté, lassitude et beauté… Ce sont les thèmes qui m’obsèdent. Nos autres disques étaient davantage nourris par la colère et l’amertume. Les albums des Kills sont des snapshots de nos vies sur une courte période de temps; cette fois-ci dans mon coeur, je ressentais les choses différemment."

À voir si vous aimez /
The Velvet Underground, Royal Trux, PJ Harvey