Yelle : À l'état sauvage
Musique

Yelle : À l’état sauvage

Yelle nous offre un safari pop et surréaliste dans lequel la techno suit la mesure de ses ambitions. Si la voix reste la même, le caractère, lui, a changé.

On a mis du temps avant de comprendre que Yelle n’était pas seulement l’alter ego de l’artiste Julie Budet, mais bien un groupe à part entière. C’est qu’avec son look de gamine (t-shirt trop grand, espadrilles fluo) et son électro-pop au caractère naïf, cette nouvelle actrice a pris les devants de la scène musicale pop et s’est incarnée sans demi-mesure. Une reprise de la chanson À cause des garçons allait par la suite marquer la carrière de cette découverte virtuelle (MySpace) dans les palmarès.

En 2007, avec une première production intitulée Pop-up, Yelle a conquis un public éclectique en Europe, passant des adolescentes férues du girl power aux aficionados de la musique électronique. Quelques collaborations inusitées, entre autres avec l’humoriste français Michaël Youn et le groupe satirique Fatal Bazooka, lui ont donné une plate-forme inespérée. En première partie de Mika, même l’Angleterre a commencé à s’intéresser au curieux personnage. Aujourd’hui, alors qu’elle nous présente Safari Disco Club, Julie Budet est maintenant flanquée du DJ Jean-François Perrier (alias GrandMarnier) et du batteur Tanguy Destable (Tepr) sur la pochette. Fini le vol solo et place au groupe, semble-t-elle dire.

"C’est vrai qu’en France notre public est très varié, constate-t-elle. Mais en Angleterre ou en Allemagne, on est considéré comme un trio de musique électronique, ce qu’on a toujours été. On a roulé pendant plus de trois ans depuis Pop-up. En revenant chez nous en Bretagne, on a pris une pause pour digérer tout ça. Naturellement, après quelques semaines, les nouveaux morceaux se sont mis en place. On avait le goût de travailler sur les harmonies, de développer de nouvelles structures mélodiques et d’élaborer des sonorités plus chaudes, moins synthétiques. Rien n’était calculé, mais on sentait que Safari Disco Club serait différent. On ne renie rien, mais disons qu’on passe à un nouveau chapitre."

Avec son sens affûté du kitch, Yelle a su composer un nouvel univers visuel qui s’inspire de la jungle: girafe, lion et paon. Un véritable zoo dansant s’est imposé pour accompagner ce nouveau recueil réalisé dans le studio maison du groupe. "On fait tout de A à Z. On a maintenant les moyens d’avoir notre petite structure, on produit et on supervise tout. Avec le designer Jean-Paul Lespagnard, nous avons choisi de créer cette imagerie et ces costumes fantaisistes autour de la pièce-titre Safari Disco Club. Avec cette déclinaison en images, j’ai l’impression que tout s’emboîte."

Un concept multidisciplinaire et théâtral qui est aussi ponctué de thèmes plus sérieux et poétiques que ce que nous trouvions sur Pop-up. Avec S’éteint le soleil, voilà que Yelle s’interroge sur la fin du monde. "Sur toutes les pièces de l’album, on pourrait appliquer une double lecture. S’éteint le soleil, ça faisait longtemps qu’on voulait l’interpréter. Ce n’est pas facile de parler de la fin du monde en gardant un côté techno joyeux. Le but n’était pas seulement d’être lugubre. Mais, avec ce deuxième disque, les gens vont se rendre compte qu’il y a plusieurs facettes à Yelle."

À écouter si vous aimez /
Katerine, Jacno, Rita Mitsouko