Sir Pathétik : Décennie rap
Musique

Sir Pathétik : Décennie rap

En novembre passé, Sir Pathétik célébrait ses 10 ans de carrière. Du propre aveu du rappeur, la scène québécoise a considérablement changé depuis ses premiers faits d’armes.

C’est avec un album multipliant les collaborations hétéroclites que Sir Pathétik a souligné sa première décennie en tant qu’artiste professionnel. De David Jalbert jusqu’à Marie-Chantal Toupin, le disque intitulé 10e round explore différents genres musicaux tout en gardant le cap sur l’esthétique rap. Détonnant largement des discours négatifs que l’on associe trop souvent au milieu hip-hop, les textes de Sir Pathétik vont davantage dans une direction lumineuse et constructive. Le principal intéressé se réjouit de dégager une telle image. "C’est mon septième album en neuf ans et à un moment donné, si je faisais tout le temps la même affaire, je serais pus là. Aussi, quand quelqu’un chante sur mon disque, c’est moi qui écris tous les textes et, selon la chanson que ça donne, je vais choisir la voix qui adonne avec ça. Jusqu’ici, tout le monde dit oui et je n’ai pas peur qu’on me vole la vedette. De toute façon, j’aime mieux partager la vedette, à la différence de certains qui veulent juste parler d’eux autres et qui préfèrent être seuls dans le décor."

Les dernières années ont été très profitables pour la scène rap au Québec. En effet, les radios ainsi que la télévision accordent de plus en plus de place au milieu et les programmateurs sont moins frileux à l’idée d’inviter des artistes comme Sir Pathétik. "Au début, on disait plus de niaiseries et on se faisait remarquer différemment. On faisait des bars et ça finissait ben tard et le public était plus vieux. Là, on a des gens de tous les âges et ça brasse encore. Maintenant, on fait des festivals, et quand tu donnes un show devant 5000 personnes, ça commence à être vraiment le fun."

Selon Sir Pathétik, cette ouverture du grand public au milieu du rap s’expliquerait tout d’abord par une prise de conscience de ses artisans. "Ceux qui méritaient de faire parler d’eux, ils ont commencé à faire ça comme du monde et c’est sûr que ça aide la scène rap. Quand les gars s’en vont dans d’autres villes juste pour foutre le bordel et sortir de leur petit train-train quotidien, c’est sûr qu’à la longue, ça fait juste de la marde. Là, c’est rendu un vrai métier. Avant, tu n’aurais pas pu dire que ce serait possible de vivre du rap, on aurait ri. Mais là, on rit moins."

Au Québec, les années 90 auront été marquées par la décision du mouvement punk de s’autoproduire et de se tailler une place dans le paysage musical. Il faut croire que la première décennie du présent millénaire aura appartenu aux rappeurs de la Belle Province. "Quand j’ai commencé, l’industrie ne voulait rien savoir de nous autres et on a fini par fonder notre propre label avec HLM. Au lieu de se faire fourrer, on a les moyens de faire un mouvement qui a de l’allure et de se donner des bons salaires."

Maintenant, on est bien curieux de savoir qui s’appropriera les années 2010…

À écouter si vous aimez /
Sans Pression, Billy Nova, Mauvaize Frékentation