Yael Naim : Après la pomme
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Yael Naim : Après la pomme

Le succès instantané de sa pièce New Soul reprise dans une publicité d’Apple aurait pu étiqueter Yael Naim comme one-hit wonder. Or, la Franco-Israélienne d’origine tunisienne a bien plus à offrir.

La sensibilité folk, la légèreté pop et l’ambiance feutrée qui ont propulsé la carrière de Yael Naim frappent à nouveau sur She Was a Boy, un disque qu’elle qualifie elle-même de "deuxième album" bien qu’elle ait lancé un tout premier compact au début des années 2000. Pas qu’elle renie cette précédente parution, In a Man’s Womb, mais disons que la musicienne est véritablement née au contact de son complice David Donatien avec qui elle enregistra son "premier" compact en 2007 (800 000 exemplaires vendus), une galette homonyme incluant le succès planétaire New Soul.

"Je ne me suis jamais sentie prisonnière de cette chanson, explique Yael Naim en entrevue. Je n’avais rien à prouver non plus avec She Was a Boy. C’est justement ce que j’ai appris de David: mettre de côté les facteurs incontrôlables et concentrer mes énergies sur la musique."

"Lorsque je suis arrivée à Paris à l’âge de 20 ans (où elle fut découverte grâce à son rôle dans Les Dix Commandements en 2000), j’étais très prétentieuse et je cherchais justement à prouver quelque chose. J’étais prête à prendre tous les raccourcis pour pousser ma carrière. Mais au fond, cette attitude me rendait très malheureuse. David m’a fait réaliser que je devais simplement jouer la musique que j’aime sans chercher à épater la galerie. C’est comme ça que j’ai trouvé ma liberté artistique."

Paru en Europe l’automne dernier, She Was a Boy a déjà valu à Naim le prix de l’Interprète féminine lors des Victoires de la musique en mars. Album exclusivement anglophone, contrairement au précédent chanté en anglais, français et hébreu, le nouveau gravé laisse tout de même sentir le caractère multiethnique de la chanteuse à travers sa trame musicale aux multiples teintes. Come Home se démarque par sa fanfare brinquebalante, la pièce-titre puise dans les musiques latines, Puppet valse sur des sonorités moyen-orientales, Man of Another Woman se nourrit d’ambiances indiennes (pays d’origine de David Donatien).

"Le dernier album comprenait des chansons en hébreu parce que mon copain israélien m’avait laissée. J’avais le mal du pays, je voulais retourner en Israël et l’hébreu est sorti naturellement. Puis les choses se sont arrangées, j’ai retrouvé un équilibre et mes habitudes d’avant, soit écrire en anglais."

Et à travers tous ces univers folk planants, mélancoliques et festifs, où se cache la vraie Yael Naim? "Je me considère enjouée comme sur Come Home, rêveuse comme sur My Dreams et parfois autodestructrice comme sur If I Lost the Best Thing."

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Feist, Lhasa, Patrick Watson