Alice & the Intellects : Le fil d’Ariane
Pour tout savoir du projet musical Alice & the Intellects qui s’apprête à lancer un premier album, suivez le fil de l’entretien avec la Sherbrookoise Ariane Bisson McLernon.
Voir: Ça te convient si on commence par la base, avec les incontournables?
Ariane Bisson McLernon: "Parfait!"
Pourquoi Alice & the Intellects alors que tu es Ariane?
"Ce sont mes chansons, mais je ne voulais pas que ce soit Ariane Bisson McLernon. Je ne vois pas ça comme un projet personnel, car on a fait l’album en groupe, à quatre. Quant à Alice, je ne me suis pas creusé la tête pendant des mois. C’est un prénom que je traîne depuis que je suis ado. Ça a toujours été mon pseudonyme sur Internet; chez nous, le réseau sans fil s’appelle Alice."
Il n’y a pas là un clin d’oeil à Alice au pays des merveilles?
"Peut-être inconsciemment. Il est vrai que le visuel de l’album [Balloon Ride] peut faire penser à ça, avec le miroir, l’envers, le monde imaginaire."
Autre incontournable: es-tu prête à expliquer (et à répéter) au cours des prochaines années pourquoi tu chantes en anglais?
"(Rires) Moi, je suis la définition de bilingue. Mon père est anglophone; ma mère est francophone. Je suis allée à l’école en français et en anglais. Instinctivement, quand j’écris, ça sort en anglais. Dans le fond, je veux faire les meilleurs textes possible et dans mon cas, si je veux que ce soit plus étoffé, recherché, ça passe par l’anglais. Mais la dernière chanson sur le disque est en français!"
Ça annonce une suite?
"Il faudra voir comment ça sortira. C’est un projet anglophone, mais éventuellement, ça pourrait être bilingue."
LE JEU DU CHANT
Parlons de ton double statut de comédienne-chanteuse [au cours des dernières années, on a pu voir la Sherbrookoise dans plusieurs pièces de théâtre et courts métrages]. Faut-il voir ça comme les deux facettes de ta personnalité artistique?
"J’ai toujours fait de la musique, mais le statut de chanteuse, je ne l’assumais pas, et je trouve que celui de comédienne-chanteuse a une aura de diva. Au début de ma carrière, c’est le jeu qui m’interpellait. Comme comédienne, tu te joins à une équipe et t’es comme une pâte à modeler pour le réalisateur ou le metteur en scène. C’est un beau défi, mais la musique m’a rattrapée. Mon côté plus créatif y passe. Il a donc fallu que je m’assume comme chanteuse, comme compositrice. C’est venu en trouvant mon timbre de voix, ma manière sincère de chanter."
Est-ce que cette recherche explique pourquoi la création de l’album a pris beaucoup de temps?
"C’est plutôt parce que c’est long faire un album do it yourself. Tu ne peux pas mobiliser tout le monde pendant quatre mois pour qu’ils se consacrent à ton projet. Ça a donc pris un an et demi. C’est sûr que le son du groupe s’est défini à travers ça. Au début, mes compositions étaient très chargées parce que je composais seule au piano; je mettais tout dans ma partition. Pour l’album, j’étais entourée de musiciens avec qui ça clique. Je me suis donc mise à composer différemment pour que le reste prenne de la place."
Et comment qualifies-tu le son actuel du groupe?
"Ça, c’est la question à laquelle je dois apprendre à répondre! (Rires) Le style chamber pop, je trouve que ça colle. Sinon, c’est folk, jazz… Je suis assez à l’aise pour dire que ça sonne différent, avec moi au piano, mon guitariste [Stéphane Leclerc] qui a un son vraiment spécial, la touche moderne d’Étienne [Dupuis-Cloutier, qui a chapeauté la réalisation de l’album en plus d’être batteur] et mon chum [le bassiste David Jalbert Adamowicz] qui a fait des arrangements de cordes. On a tous des personnalités assez fortes et on n’écoute pas tous le même genre de musique, mais on aimait tous les tounes sur lesquelles on travaillait."
MÉLANCOLIE INSTINCTIVE
Es-tu d’accord avec moi si je décris l’univers d’Alice & the Intellects comme hautement féminin?
"Oui, et je suis super à l’aise avec ça. C’est sûr que ça part d’une fille. Ça parle d’amour… Moi, la mélancolie, j’ai ça facile. Des chansons déprimantes, je peux t’en pondre très naturellement. (Rires) C’est cliché, mais c’est souvent dans ces moments-là que tu as le goût de composer. Je me suis donc mise au défi d’écrire dans d’autres situations, de travailler en images, avec des contradictions."
Et les concerts, représentent-ils un défi de mise en scène puisque tu arrives du jeu?
"Non, même que c’est l’inverse. En musique, je suis super instinctive. Avec le groupe, on s’est posé beaucoup de questions musicales lors de l’enregistrement du disque, mais en concert, on se laisse aller."
Alice & the Intellects
Balloon Ride
(Indépendant)
À écouter si vous aimez /
Eleni Mandell, St. Vincent, Marie-Jo Thério