Douze hommes rapaillés : Ils sont Miron
Jim Corcoran, Martin Léon et Gilles Bélanger nous parlent du spectacle Douze hommes rapaillés, cette généreuse mise en chansons de la poésie de Gaston Miron.
LES DISQUES
Martin Léon: "Au Québec, rapaillé veut dire "dont on a rassemblé les morceaux pour passer à une prochaine étape". Pour le premier album Douze hommes rapaillés, Gilles [Bélanger] a rassemblé des hommes de 20, 30, 40, 50 et 60 ans. Ça donne une photo, une image acoustique et sensible de Miron dont on a justement rassemblé tous les morceaux pour passer à une autre étape."
Jim Corcoran: "Sur le deuxième disque, il y a un petit peu plus de violence et d’urgence dans la musique, mais ça ressemble aussi à Gaston. Il avait un tempérament. Avec les deux albums, on a un portrait plus large et inclusif."
Gilles Bélanger: "C’est beau, deux albums. Je ne pense pas qu’il y en aura un troisième, quoique même la prose de Gaston peut se chanter."
LE SPECTACLE
M. L.: "On prend la route avec le plus gros show de chanson au Québec – on est 16 sur scène – grâce au succès des disques, grâce à l’accessibilité et à la lumière qu’il y a dans la poésie de Miron. Ce sont les gens qui en ont fait la demande. Ce public a entre 20 et 70 ans, et même au-delà de ça. C’est tout le monde."
J. C.: "C’est beaucoup par le bouche à oreille que les gens ont découvert l’existence des albums et du show. C’est une belle leçon pour le milieu de la chanson et du spectacle."
LA MISE EN SCÈNE
J. C.: "C’est audacieux de la part de Marc Béland [le metteur en scène] d’arriver avec 12 artistes qui ont chacun leur public [dont Yann Perreau, Michel Rivard, Vincent Vallières, Richard Séguin…], et de nous réunir tous ensemble avec une telle simplicité. On arrive progressivement sur la scène et une fois qu’on y est, on y reste. On devient participants, spectateurs. Je n’ai jamais vu un show comme ça. C’est à l’extérieur des sentiers battus, hors du commerce de la chanson."
G. B.: "Entre les chansons, la seule personne qui parle, c’est Miron. Nous, on chante."
LA POÉSIE DE MIRON
M. L.: "Je la trouve forte, sauvage et sensuelle."
J. C.: "Ce n’est pas un érotisme d’ado qui découvre son cul. Il y a eu un mûrissement dans l’évolution de sa chair et il le dit. Ça prend de l’expérience pour être capable de nommer les choses avec force et justesse."
G. B.: "Dans un même poème, il peut parler d’un atome et de l’univers, de l’infiniment petit et de l’infiniment grand. Il manie ça avec grâce et génie. Miron, tu ne peux pas lire ça en une fin de semaine; ça prend des bouts de vie à lire."
L’HOMME
J. C.: "Le spectacle montre un homme debout, fort, articulé, et en même temps, un homme patient, généreux, passionné. Je trouve que c’est un beau modèle d’homme québécois."
G. B.: "Gaston, c’est le pays, c’est nos racines. Des hommes comme lui, ça ne passe pas souvent. Il y en a un par génération."