Marie-Hélène Frenette-Assad : Playlist du coeur
Musique

Marie-Hélène Frenette-Assad : Playlist du coeur

The Lion et la princesse est le troisième album solo pour Marie-Hélène Frenette-Assad, mais vraisemblablement le premier à en dévoiler autant.

L’an dernier à pareille date, Marie-Hélène Frenette-Assad et ses potes de Mirzam lançaient l’album Pour réparer mon coeur, opus dont la création s’est avérée "longue et pénible", au dire de Frenette-Assad. Sans doute en raison des interminables sessions d’enregistrement, qui se sont étirées sur 16 mois, et de ces thèmes de désillusion de mi-vingtaine qui pesaient lourd sur l’entourage de la chanteuse de 26 ans.

"À cette époque, Antoine [Levasseur-Rivard, seconde plume de la formation] et Joannie [Groulx, chanteuse] vivaient des trucs rocambolesques. Moi, c’était tout le contraire. Alors, j’écrivais sur eux."

Sa troisième incursion en solo, The Lion et la princesse, l’artiste la voulait aux antipodes de la création collaborative compliquée et émotionnellement drainante. Elle a donc opté pour l’autoproduction, voie toute désignée pour éviter divers émois. "J’étais trop attachée à ce projet pour le laisser entre les mains de qui que ce soit", explique la musicienne qui joue de tous les instruments qui se retrouvent sur l’album, en plus de tenir les commandes de la réalisation, ne confiant que le mixage à une tierce personne. "Cet album-là, il n’est pas arrivé parce qu’il FALLAIT que j’en produise un. J’ai commencé à l’écrire parce que mes amis m’en ont fait la demande à répétition. J’ai tout simplement flanché."

De ces amitiés qui "représentent tout" pour elle, elle extirpe une série de désillusions et de désastres relationnels qu’on peut aisément qualifier d’intrinsèques à la mi-vingtaine. Elle saisit par ailleurs l’essence d’un quotidien facile, de ces moments où elle allait reconduire "Antoine au terminus", et réalise, sur A Friend’s Heart, à quel point l’amitié se révèle indissociable de sa vie. "Je suis une enfant unique. Autant je peux adorer mes parents, mes amis sont une partie tellement importante de moi! On peut tout se dire, comme on le ferait avec un frère ou une soeur", soutient la musicienne qui enseigne notamment le théâtre social au Collège Saint-Alexandre.

Au bon endroit

Dans le refrain de Sur ma playlist, Marie-Hélène Frenette-Assad chante: "J’sais pas encore où je voudrais être, mais c’est pas grave. J’veux pas être riche, je veux être brave". Aurait-elle acquis assez de sagesse pour contempler le chemin parcouru avec contentement et freiner toute course éperdue vers le meilleur? Elle acquiesce d’un éclat de rire. "Bon, c’est pas vraiment de la sagesse, mais j’ai fait récemment des changements dans ma vie. Ils m’ont permis d’être à l’aise avec l’endroit où je me situe en ce moment. Tu sais, cette urgence, cette douleur de création de l’artiste, elle n’est plus là. J’ai appris à dire non."

Ces constats fortunés et l’inopinée confiance en ses moyens qui en découle lui permettent ainsi de pousser encore plus loin la ballade country-folk, avec ses complaintes intimistes chuchotées à la guitare acoustique. "Pour Réparer mon coeur, la production de The Reminder de Feist nous disait que oui, on pouvait faire des beats avec une perceuse. Dans le cas de The Lion…, je voulais juste explorer le country. Probablement parce que j’ai beaucoup écouté du Brad Paisley cette dernière année. Cela dit, ça restera toujours pop, et mes influences, de John Mayer à Roch Voisine, continueront toujours de teinter ce que je fais."

Si, auparavant, les chansons d’amour s’écrivaient sous le regard du narrateur omniscient, la chanteuse et guitariste se permet ici ses premières chansons d’amour au je. Ou au I, puisque l’album zigzague et caracole avec aise entre l’anglais et le français qui "n’est que naturel" pour la chanteuse, elle qui utilise les deux langues quotidiennement. "Ces chansons ont peu d’emballage. C’est clair et cru. Y a pas de métaphores pour rien. Ces chansons répondent à un besoin d’expression, pas à un besoin de création. Dans cette nuance réside l’essentiel de ma démarche", conclut avec conviction la chanteuse.

Marie-Hélène Frenette-Assad
The Lion et la princesse
(Indépendant)

À écouter si vous aimez /
Serena Ryder, Vincent Vallières