Four Tet : La tête en beat
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Four Tet : La tête en beat

La musique électronique est redevenue excitante pour Four Tet.

Parfois, la constance a besoin de la mobilité. Si Kieran Hebden, dit Four Tet, est demeuré un exemple de stabilité au fil des ans, avec ses cinq albums faits du même mélange d’électro, de techno, de jazz à la touche si organique, tributaire de son passé au sein du groupe post-rock Fridge, intérieurement, il a fait du millage pour garder la ferveur jusqu’au plus récent There Is Love in You, paru début 2010.

Datant de 2005, son disque précédent, Everything Ecstatic, témoignait déjà d’une certaine remise en question. "C’est certainement ce que j’ai fait de plus subversif. Ça allait à l’encontre de tout ce qui se passait autour de moi", se souvient Hebden à propos de l’opus, véritable déclaration d’amour à la musique électronique à l’époque où celle-ci semblait en déclin. Sept ans plus tard, cette dernière est en pleine forme et There Is Love in You s’en ressent forcément. Moins stressé, le son moins porté sur le statement; une boucle bouclée alliant les débuts plus geek du bonhomme à ses dernières percées plus club.

"Après Everything Ecstatic, j’ai commencé à collaborer avec Steve Reid [NDLR: batteur jazz décédé en 2010]. Ça a été extrêmement rafraîchissant. Quand je suis revenu à mes trucs solos, je me suis spontanément tourné vers les musique plus club. Je me suis impliqué dans la scène dance, j’ai travaillé davantage comme DJ. Toutes des choses que je n’avais jamais vraiment faites auparavant. C’était comme la chose à faire", m’explique rapidement Hebden, quelques minutes avant de prendre l’avion pour le Mexique. "La musique électronique me semble à nouveau excitante, surtout avec tout ce qui se passe à Londres. Il y a plein d’excellents producteurs. J’ai hâte à Mutek, où je vais me produire en duo avec Rocket Number 9, un nouveau band de Londres très intéressant. James Holden joue le même soir. Floating Points, un de mes producteurs préférés, joue au festival aussi…"

Ainsi, il n’est pas aussi immunisé contre la vague dubstep que sa musique le laisse entendre (on en a eu l’indice par sa récente collaboration avec Burial). "Difficile de ne pas s’en envelopper. C’est tout ce qui se passait à Londres pendant que je faisais There Is Love in You. C’est inspiré par beaucoup de choses qui m’ont influencé moi-même: le two-step, le garage, le drum & bass…"

De là à singer le genre, cependant, il y a un pas que le musicien ne risque pas de franchir. "J’espère plutôt apporter quelque chose de nouveau à la conversation. Quand quelqu’un fait déjà quelque chose super bien, ça ne sert à rien d’essayer de l’imiter."

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