Marième : Coup de soleil
Musique

Marième : Coup de soleil

Marième s’offre au soleil avec un premier album solo. En compagnie d’un cercle de musiciens de prédilection, la voici au centre d’une production rayonnante.

On pourrait la décrire comme la perle noire du groupe CEA, celle qui donne un ton romantique et une touche féminine au collectif hip-hop de Québec. Elle est aussi la soeur du rappeur Webster et baigne dans la musique depuis toute jeune. Marième Ndiaye s’offre maintenant un premier album solo à son image, c’est-à-dire rempli de soleil. Tout simplement intitulée Marième, la production mélange quelques compositions originales à des reprises bien choisies, dont Laisse tomber les filles de Serge Gainsbourg, popularisée par France Gall dans les années 60. "C’est avec cette chanson que tout a débuté, mentionne-t-elle. L’idée a suivi de faire un album solo, quelque chose à mon image et qui respire l’été! Nous avons proposé l’album à Tandem.mu et Paul Dupont-Hébert [producteur] en compagnie de Rafael Perez d’Abuzive Muzik. L’idée a plu et on s’est lancés."

Déjà, une question s’est imposée lors de ses premiers rendez-vous médiatiques: cela veut-il dire qu’elle quitte CEA pour se consacrer au vol solo? "Elle revient souvent celle-là, et la réponse est non. C’est un projet parallèle et c’est différent. En plus, cet album, je l’ai fait avec les gars de CEA. Nous sommes très fidèles et on se tient dans ce collectif. Il y a Claude Bégin [Accrophone, Alaclair Ensemble] aussi et le studio 1036 où l’album a été enregistré. Karim Ouellet, avec qui je chante Je t’aime sur l’album, se retrouve aussi sur le disque de CEA. Ça tombe bien, Karim est un grand amoureux! Et bien sûr, Bob Bouchard et Lou."

Avec ces deux derniers, MC au sein de CEA, elle a mis en oeuvre une direction artistique soignée. Intéressant de voir à quel point cette artiste fonctionne avec aisance dans cette microsociété musicale autosuffisante de Québec qui semble être en pleine possession de ses moyens. "Notre plan de match était déjà établi et réfléchi avant même d’entrer en studio, explique-t-elle. On savait quel produit on voulait offrir et quelles chansons reprendre. Claude est un musicien qui touche à tous les instruments ou presque et il est très utile derrière la console en studio. C’est un excellent producteur. Mais, la tête dirigeante en ce qui a trait à la direction artistique, c’était Lou. Il a les idées claires et sait vraiment quel son il veut. C’était un très bon guide pour moi lors de l’enregistrement. Avec Claude et Bob, eh bien, ça devient l’équipe parfaite."

Quelques reprises sont surprenantes. Qui se souvenait de Dis-moi, dis-moi de Mitsou, par exemple? Tous les garçons et les filles, le grand succès de Françoise Hardy, est aussi revisité par Marième. Et Provocante, de Marjo, est un choix qui en effraierait plus d’un vu la forte personnalité de l’interprète originale qui l’a popularisée dans les années 90. "Provocante, c’est l’une des premières chansons que j’ai chantées devant un public, se rappelle-t-elle. J’avais 11 ans et je portais un léotard vert! C’est un clin d’oeil et je crois qu’on a réussi à l’actualiser. Tout comme Dis-moi, dis-moi qui sur le disque a un peu plus de mordant. Et il y a Le soleil, de Jean-Pierre Ferland… Ça allait de soi: c’est le soleil! J’étais très contente d’avoir sa participation sur l’album. Et ma mère, elle, capotait!"

Bien sûr, elle ne pouvait faire abstraction de ses origines sénégalaises, qu’elle partage avec son père et son frère. Même que le wolof, langue parlée du Sénégal, se fait entendre sur le disque, et la chanson Vert jaune rouge affiche les couleurs du pays. "Ça fait 40 ans que mon père vit au Québec, mais il a toujours voulu transmettre sa culture à sa famille. C’est pour ça qu’on avait des cours de wolof quand on était petits. On visite le Sénégal le plus souvent qu’on peut, et on reste en contact avec la famille là-bas. C’est une façon de cultiver un lien, même si on est loin."

"Mon frère, lui, s’implique beaucoup socialement lorsqu’il y est, ajoute-t-elle. Moi, j’aime l’état d’esprit qui règne dans cette communauté. J’aime les odeurs, le soleil. Ils ont le sens de la fête et de l’émerveillement. Lorsque nous y sommes, on ne rencontre pas seulement trois ou quatre personnes de la famille autour d’un souper vite fait. C’est tout le monde qui est là, et le temps s’arrête! Ça ne dure pas deux heures, c’est plutôt toute une journée! Les gens prennent le temps de savoir comment tu vas, ce que tu fais. Disons que ça fait changement de ce que l’on vit au Québec. Là-bas, on prend le temps de vivre et d’être humain", conclut-elle, sourire aux lèvres.

Marième
Marième
(Tandem.mu/Abuzive Muzik)

À écouter si vous aimez /
CEA, Erykah Badu, The Fugees