Miracle Fortress : Porté par la vague
Musique

Miracle Fortress : Porté par la vague

Graham van Pelt s’est réfugié dans sa forteresse pour concocter un petit miracle pop. Miracle Fortress s’impose à nouveau avec une nouvelle vague musicale.

On s’imagine sans difficulté l’artiste seul dans son studio maison, entouré par ses claviers, en face de la console. Graham van Pelt a tout d’un scientifique de la pop et nous avait démontré son talent de compositeur et de réalisateur lorsqu’il nous avait présenté l’album Five Roses, en 2007, entre deux parutions de Think About Life, groupe dans lequel il est claviériste.

Intitulé Miracle Fortress, le projet solo du musicien est avant tout le résultat de recherches et d’expériences sonores en solitaire. Si son premier essai était une synthèse pop savamment montée qui faisait écho à l’esthétique de Brian Wilson des Beach Boys, Was I the Wave? s’inscrit dans une facture électro-pop plus moderne et assumée. Des pièces mélodiquement accrocheuses y sont parfois précédées d’introductions instrumentales minimales et ambiantes. Comme l’intrigante parenthèse musicale Wave, qui précède l’excellente Spectre. Ou serait-elle plutôt la conclusion de Raw Spectacle, cette dernière qui nous rappelle le travail de David Byrne et Brian Eno réalisé sur l’album My Life in the Bush of Ghost?

"C’est comme on veut", nous indique un Graham van Pelt calme et posé. "Je n’avais pas l’idée d’élaborer un fil conducteur pour cet album, je voulais plutôt intégrer quelques compositions instrumentales courtes, un peu improvisées, pour avoir des zones de répit où on pourrait respirer et décrocher. Prendre du recul. J’ai travaillé sur cette musique pendant deux ans, entre des tournées, au hasard. Le tout s’est rassemblé naturellement, ce n’était pas un casse-tête. J’aime bien aussi m’imaginer un auditeur attentif: une personne seule, qui écoute la musique sans distractions autour d’elle."

Le titre de cette production est évocateur et pourrait même nous faire croire que le compositeur mélomane fait un clin d’oeil à la new wave qui a défini le son des années 80. Au contraire, c’est plutôt le fruit de quelques réflexions personnelles qui ont poussé l’auteur à s’interroger. "Dans mon cas, la musique vient en premier, je conçois ensuite des paroles pour l’accompagner. C’est personnel, c’est comme une succession de petites réflexions. J’aime bien l’image que représente le mot wave ("vague"). On est attiré par elle, on la souhaite même, mais elle peut être fatale. Ce titre décrit un peu l’ivresse qu’on pourrait ressentir lorsqu’on est porté par celle-ci. Je ne joue pas au philosophe, c’est seulement une image qui met en perspective certaines choses de la vie."

En spectacle, on est toujours partagé lorsqu’on se retrouve en face de Miracle Fortress, dont le personnel se résume cette fois-ci (après la participation de Jessie Stein du groupe The Luyas) à Graham van Pelt et Greg Napier, batteur au sein de Think About Life. La musique domine, bien sûr, mais le tout demeure parfois statique sur scène, comme si l’interprète se retrouvait avec lui-même, plongé dans l’interprétation. "C’est vrai que j’aime bien rester fidèle au son original, admet-il. C’est normal, pour moi, la musique doit s’imposer. Cette fois-ci, le matériel de Five Roses se greffe au nouveau répertoire et apporte un peu plus de contraste. Et j’ai laissé de côté quelques pièces instrumentales. Il y aura beaucoup d’échantillonnages, mais la dynamique reste pop et énergique."

À écouter si vous aimez /
Brian Eno, Brian Wilson, Talking Heads