NOFX : Punk en stock!
Il arrive des événements très rares sur la Terre. Comme la venue du légendaire groupe punk-rock NOFX à la Zone portuaire de Chicoutimi.
Marielle Couture
L’heure de l’entrevue est tombée soudainement comme un orage d’été. Fat Mike, le chanteur de NOFX, joint sur son portable, juste au moment où il achetait ses valises pour la tournée à venir au Canada. Des valises neuves? C’est la première fois que vous partez en tournée? "Non, répond-il en riant, c’est que je les brise à chaque fois. Y a pas une valise qui résiste au traitement que je leur réserve en tournée."
La formation NOFX, qui roule sa bosse depuis près de 25 ans, nous annonce sans gêne une compilation de vieux stock pour son spectacle au port. On pourra donc entendre les Liza and Louise, Perfect Government, Bob ou Don’t Call Me White, qui ont inspiré plus d’un adolescent à la révolte dans les dernières décennies. Usant d’un vocabulaire souvent très explicite et abordant des thèmes qui écorchent les moeurs de plusieurs, les paroles des chansons de NOFX sont teintées par une violence et une désinvolture qui n’ont rien de gratuit. "Personnellement, je suis plus en colère, plus punk, plus antigouvernement et antireligion que jamais. Quand nous avons commencé à faire de la musique, dans les années 80, nous avions un beau pays. Ce que nous dénoncions n’avait rien à voir avec la gravité de la situation actuelle. Puis, nous avons goûté à la politique de Bush, et tout a changé. Vous aussi, au Canada, vous connaissez une belle montée de la droite. Mais pendant toutes ces années, NOFX n’a rien changé. Ni son style, ni sa musique, ni son discours. Et on boit toujours autant pour avoir du plaisir et oublier le fiasco qu’est notre société."
Comment fait-on, après tout ce temps, pour tenir la route et être toujours paradoxalement aussi marginal que populaire? "On fait du vrai. On s’est vraisemblablement améliorés avec les années, car un groupe qui n’évolue pas ne dure pas. Cela dit, nous n’avons jamais suivi une mode, nous sommes restés fidèles à nos sonorités d’origine. On ne fait pas de la musique pour plaire, on ne dira pas ce que vous voulez entendre. Ceux à qui ça plaît nous suivent depuis longtemps parce qu’on est intègres et honnêtes avec eux." Pourtant, en écoutant les plus récents albums de NOFX, on découvre toutes sortes de genres musicaux. On est loin du punk-rock pur et dur. "En fait, on fait vraiment ce dont on a envie! Si un jour le jazz nous plaît, il se peut qu’on en intègre dans une chanson. On a exploré le ska, le reggae… On fait simplement ce qui nous amuse."
C’est avec une certaine pointe de fierté que Fat Mike raconte qu’il interprète sur scène une chanson en français, Les Champs-Élysées, pour les Québécois et les Européens. "Il y a aussi quelques artistes francophones que j’apprécie, comme Édith Piaf, Jean-Jacques Goldman, même Carla Bruni. J’ai étudié un peu le français à l’école, j’aime beaucoup cette langue. J’ai très hâte d’aller faire la fête avec vous."
NOFX, c’est aussi l’anarchie du moment et la fête sans limites. Vous aurez pu le constater si vous êtes tombés sur un épisode de la série NOFX – Passeport backstage, diffusée à MusiquePlus. Le groupe s’est laissé aller à de nombreuses frasques devant la caméra. Et Fat Mike l’assume totalement. "J’ai du plaisir à faire de la musique, et j’ai encore plus de plaisir quand je suis soûl. Sauf que je mets un mois à me remettre de chaque tournée maintenant. Mais quand je suis à San Francisco, avec ma fille, je suis sobre et je me repose. Ça me permet de continuer à faire mon métier."
Alors que pense-t-il des détracteurs qui clament la mort du mouvement punk? "Je n’ai jamais rien entendu de si absurde! La musique punk est profondément ancrée dans la culture musicale du monde entier. C’est de la musique vraie. Mais on pourrait peut-être dire que le punk vieillit. La moitié de notre public est maintenant âgé de plus de 30 ans."
Conclusion? Le mouvement punk n’est pas mort, il a juste un peu vieilli. En attendant de soigner vos courbatures le lendemain du spectacle, vous pourrez cirer vos bottes à cap d’acier et réécouter vos vieilles cassettes huit pistes identifiées NOFX avec du liquide correcteur. Et si vous êtes plutôt de la jeune génération, attendez-vous à voir quelques mèches grises sur le parterre, parce que NOFX à Chicoutimi, c’est comme les astéroïdes qui risquent de frapper la Terre. Ça arrive une fois tous les 1000 ans. Et ça fait boum!
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