Stromae : Danser intelligent
Musique

Stromae : Danser intelligent

Après une courte performance l’an dernier dans le cadre d’une tournée promo, Stromae présente son premier gros spectacle en sol montréalais.

L’an dernier, un bel ovni, qui avait trouvé sa niche quelque part entre chanson à texte, rap, house et électro, est apparu dans le paysage. Plume agile, charisme détaché, un timbre évoquant celui de Gaétan Roussel, des beats accrocheurs et, surtout, Alors on danse, qui a cartonné dans plusieurs pays d’Europe. Un extrait tellement efficace que même Kanye West a succombé avant de poser sa voix dessus dans un remix destiné aux Américains. "Ce fut un honneur pour moi parce que ce personnage représente un éclaireur dans le genre que j’ai investi, raconte Paul Van Haver, qui ouvrira pour les Black Eyed Peas au Stade de France à la fin du mois. Quand on me demande de définir mon style, je dis que je fais de la "new chanson"; "new" pour "new beat" et "chanson" parce que le rap, c’est de la chanson, quoi qu’on en dise. Avant de lancer Cheese, j’ai évolué pendant sept ans en rap: ça fait partie de moi. Mais Kanye West, Technotronic et même Snap on rappé sur de la house, je ne suis avant-gardiste en rien dans ce domaine."

À 12 ans, Stromae ("maestro" en verlan) commence à rapper, après avoir suivi une formation classique en percussion et des cours de solfège. "J’ai vu le rap comme de la percussion avec des mots. Ça m’a tout de suite interpellé, dit le Belge de 26 ans. J’ai évolué dans un groupe (Suspicion) jusqu’en 2005. Lorsque j’ai pris la décision de continuer tout seul après la fin du groupe, d’autres influences se sont greffées à la racine hip-hop et mon écriture s’est transformée. Avant, je parlais de bling-bling et je voulais faire du gangsta rap. Je ne mettais pas en mots ce que j’avais ressenti sur la vie, ce que j’aspirais à être… J’ai réalisé que c’était possible de raconter la réalité, d’être comme un documentariste sur de l’électronique, de placer texte et musique sur un pied d’égalité. Moi, ce que je veux, c’est faire réfléchir en dansant."

Avec cette proposition métissée et une approche ni tout à fait slam, ni tout à fait chanson, ni tout à fait rap, Stromae est-il un ovni dans sa Belgique natale? "En France, oui, il y a ce côté "ovniesque", mais pas en Belgique, car nous sommes habitués à un grand brassage des cultures, nous qui vivons entre français, flamand, anglais, allemand… D’ailleurs, on s’intéresse presque plus aux courants anglo-saxons qu’à ce qui sort de la France, car la France a une culture tellement forte qu’elle s’autosatisfait. Il n’est donc pas rare de voir des mélanges de ce genre émerger de la Belgique."

À quoi peut-on s’attendre lors de cette première date officielle avec Stromae? "C’est un vrai show, avec de l’humour, des musiciens live, de petites chorégraphies, des machines futuristes inspirées du visuel de Kraftwerk et des projections élaborées. Il y a un côté one-man-show; je fais un peu l’imbécile comme dans mes vidéos, mais il y a aussi des moments où je pleure, quand j’aborde des sujets plus graves comme dans la chanson Dodo", une berceuse désenchantée qui donne froid dans le dos.

Stromae devrait bien s’entendre avec les gars de Numéro#, qui jouent en lever de rideau et couchent eux aussi des textes qui font rire jaune sur de la house et de l’électro.

Alors, on danse?

À voir si vous aimez /
Gaétan Roussel, Numéro#, TTC