Emilie-Claire Barlow : Chacun ses sixties
Musique

Emilie-Claire Barlow : Chacun ses sixties

Emilie-Claire Barlow fait sa propre révolution hippie avec une sélection musicale de circonstance. Toujours sous la bonne étoile du jazz, mais avec de nouveaux standards.

Des chansons de Sonny Bono, Donovan, Buffy Sainte-Marie, Burt Bacharach et Bob Dylan: voilà qui pourra vous donner une idée claire de la thématique du huitième album d’Emilie-Claire Barlow. Avec ce disque intitulé The Beat Goes On, l’interprète jazz de l’Ontario s’est inspirée des années 60 et des auteurs-compositeurs-interprètes qui les ont si bien illustrées. Celle qui signe l’ensemble de ses arrangements depuis ses débuts en 1998 a rivalisé d’audace pour nous faire oublier tous les artifices qui auraient pu stigmatiser ce répertoire. Un exercice original qui lui a permis de reléguer aux oubliettes les grands standards de l’American Songbook qu’elle interprète depuis tant d’années.

La chanteuse de Toronto nous offre ainsi une fresque qui représente bien la diversité de cette décennie qui a connu son lot de révolutions sociales et culturelles. "C’est ce qui m’attirait dans ce répertoire, le côté parfois frivole et le pétillant, indique-t-elle. Mais je voulais faire abstraction du côté kitsch. These Boots Were Made for Walkin’ (popularisée par Nancy Sinatra) est un bon exemple de cette frivolité. Je comptais préserver cet état d’esprit, The Beat Goes On devait être le fun! Mais c’est aussi une décennie de changements, tu as raison. De sérieux bouleversements sociaux ont eu cours, il y avait la guerre… En fait, c’est une décennie de contrastes et de folie. Quelle variété!"

Mais vous serez encore plus surpris d’entendre Don’t Think Twice, It’s All Right de Dylan. Une version bossa-nova qui nous fait oublier une certaine voix nasillarde légendaire. "Au départ, je n’avais même pas pensé à l’auteur de cette chanson, se rappelle-t-elle. Par la suite, mes amis me demandaient si j’avais hésité avant de choisir une chanson de Bob Dylan. J’ai réalisé à quel point ses fans sont protecteurs envers son oeuvre. Et Dylan mérite tout le respect qu’on lui donne. Il y avait un défi, c’est sûr. Tu dois rester honnête envers le texte et tu dois honorer la chanson. C’est aussi ça le rôle d’une interprète. Mais l’idée originale pour cet album était de déshabiller complètement les pièces pour les refaire avec de nouveaux arrangements. Don’t Think Twice, It’s All Right est sans doute la chanson qui a subi la plus grande transformation; il fallait que je mette le paquet!"

À écouter si vous aimez /
Holly Cole, Peggy Lee, Stacey Kent