Béla Fleck & The Flecktones : Le retour du flâneur
Près de 20 ans après la dissolution partielle du groupe, le banjoïste Béla Fleck retrouve ses Flecktones dans leur alignement original.
1992. Béla Fleck et ses potes des Flecktones, Roy "Future Man" Wooten, Victor Lemonte Wooten et Howard Levy, commençaient à trimbaler leur musique fusion anticonformiste au rythme d’incessants cycles album-tournée-album. Le succès que le collectif remportait à l’époque avait beau se révéler de plus en plus probant, ça n’a pas empêché l’harmoniciste Howard Levy de soudainement décider de quitter le navire. Interrogé sur l’ambiance qui régnait après coup, Fleck se remémore: "C’est comme si on s’était fait couper les deux mains. On venait de perdre notre musicien le plus virtuose, capable des prouesses les plus spectaculaires, ce qui nous a forcés à revoir totalement notre répertoire. We had to get our shit together."
"Après mûre réflexion, j’ai réalisé que son travail avec les Flecktones empêchait Howard de prendre part à d’autres projets. Aussi, notre répertoire de l’époque était majoritairement composé de mes chansons. Ce n’était pas facile pour lui; les frustrations se sont accumulées", rationalise le banjoïste reconnu.
Après plusieurs années passées en compagnie du saxophoniste Jeff Coffin – qui évolue depuis 2009 au sein du Dave Matthews Band -, Fleck a appelé son vieux pote Howard, question de voir si un éventuel retour avec les Flecktones pourrait l’intéresser. Sur de nouvelles bases, il va sans dire. "Notre rythme de tournée est moins exigeant. On prend des pauses; on n’a plus 20 ans! Puis, je tenais à ce que l’apport de Howard soit mieux représenté en ce qui a trait aux compositions du band." Heureusement, Howard a accepté tout de go, conférant aux Flecktones une énergie créatrice semblable à celle que le quatuor avait pu connaître deux décennies auparavant. "Avec Howard, nous sommes un nouveau band, nous jouons différemment. Nous sommes tous très excités, un peu comme des enfants dans une confiserie."
De ce passage à la fontaine de jouvence est né le vitaminé Rocket Science, première parution du line up original depuis 1992. Sur cet album de bluegrass progressiste, les propositions mélodiques frétillent et retentissent tous azimuts. "Parce que le band est très coloré, nous avons puisé à même ces différences pour donner à chacune des pièces une aura singulière. Par moments, c’est jazz, à d’autres, plus folk. Nous ne sonnons pas comme un spectacle de variétés parce que même si l’énergie et les intentions sont toutes différentes, ça reste du Béla Fleck & The Flecktones. J’ai toujours pensé que la force des Flecktones réside dans le fait que notre musique parvient à jouer sur différents niveaux tout en restant indéfinissable", affirme Fleck en guise de conclusion.
À ÉCOUTER SI VOUS AIMEZ /
Jayme Stone, Chick Corea