Marianne Faithfull : Faithfully vôtre
Musique

Marianne Faithfull : Faithfully vôtre

Marianne Faithfull nous offre une interprétation bien personnelle de la joie de vivre. Avec elle, le bonheur est autant dans la lumière que dans les ténèbres. Il est clair-obscur.

"Hello, how do you do?" La voix est posée et caverneuse. Marianne Faithfull n’est plus cette ingénue des années 60 aux allures de lolita. Devenue une figure emblématique de la musique, l’interprète semble avoir vécu sept vies. Une survivante. Son dernier passage au Québec remonte à loin; il faut revenir à son hommage à Kurt Weill à la fin des années 90. "Et j’en garde un très bon souvenir, mentionne-t-elle. Cet album a marqué mon retour sur scène et ce fut beaucoup de travail. Je suis très heureuse d’être enfin de retour."

Avec son dernier disque Horses and High Heels, l’artiste change de registre. Elle s’est offert un moment de grâce, une cure de jouvence. Après avoir combattu le cancer il y a plus de trois ans, au moment où sortait son précédent album Easy Come, Easy Go, place au bonheur. "Tous mes disques sont des moments uniques. Before the Poison, que j’ai fait avec PJ Harvey, est un grand disque. Easy Come, Easy Go fut un moment de rencontres artistiques [Nick Cave, Rufus Wainwright, Keith Richards]. Avec Horses and High Heels, je voulais faire un happy record! Du moins, j’ai fait cet exercice comme Marianne Faithfull peut le faire… Avec moi, il y aura toujours deux ou trois chansons ténébreuses. Mais dans l’ensemble, c’est un disque positif, et le titre, lui, me fait rire!"

Sans oublier l’illustration ornant la pochette, qui détonne de ce à quoi on aurait pu s’attendre de Marianne Faithfull. Signée Jim Warren, la toile nous montre une plage ensoleillée où gambade un cheval. À droite, une paire de talons hauts rouges repose sur le sable. "J’en ai marre de tous ces artistes qui nous offrent leurs arty pictures, indique-t-elle. Toujours ce culte de la personnalité, alors que ce sont pour la plupart des gens ternes. Je voulais sortir de tout ça et nous sommes tombés par hasard sur le travail de Jim Warren. Ce n’est pas du grand art, ce n’est pas raffiné… C’est kitsch. J’adore le kitsch!"

Après l’épreuve, c’est le monde de la fantaisie qu’elle a décidé d’embrasser. Non seulement ce disque lui a permis de vivre un moment de grâce, mais l’État français a aussi récompensé la Parisienne d’adoption en lui remettant la distinction Commandeur des arts et des lettres cette année. "Je n’aurais jamais cru avoir le profil pour recevoir une telle récompense, rigole celle qui a fait les 400 coups avec les Rolling Stones. Lorsque ça vous arrive, vous acceptez avec beaucoup de plaisir. C’était un moment précieux, on passe en revue sa carrière et sa vie… Les souvenirs refont surface, et on constate qu’on est encore là. Pour être franche, je m’en suis beaucoup mieux sortie que ce que j’aurais cru il y a 25 ans! La vie, c’est une aventure fascinante, dans les bons et les mauvais moments."

Et la vie réserve son lot de tristesse. Alors qu’elle triomphait avec succès de la maladie, Marianne Faithfull perdait une amie en 2010: Kate McGarrigle. "J’étais plus proche de Kate que d’Anna, et j’ai connu Rufus tout petit. D’ailleurs, j’ai pu parler avec lui lorsque c’est arrivé… Avez-vous entendu son opéra [Prima Donna]? Je meurs d’envie de l’entendre!"

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