Misses Satchmo : Suivre son instinct
Surprise de l’été: le quatuor jazz Misses Satchmo lance son premier album The Sun Will Shine. Le fantôme de Louis Armstrong rôde toujours…
Ce printemps, aucun des musiciens de Misses Satchmo n’avait à son agenda une session d’enregistrement au studio La Fournaise pour le disque The Sun Will Shine. C’est pourtant ce qui est arrivé en mai. "Ç’a été un coup de tête de ma part! lance en riant la chanteuse et trompettiste Lysandre Champagne. Ça ne fait même pas deux mois que j’ai dit aux musiciens: "Bon, on enregistre l’album afin qu’il sorte pour le Festival de jazz de Montréal.""
Devant les délais plutôt serrés, personne n’a paniqué? "Non, mais on a eu de bons meetings pour mettre tout le monde à l’heure. Ç’a plus été un travail de coordination pour moi – j’ai aussi produit l’album. Pour la musique, je savais où on était rendus. Je savais qu’on était mûrs pour ça."
Son instinct, Lysandre Champagne l’écoute toujours puisqu’il ne l’a jamais trompée. "En tout cas, il se passe de quoi! C’est ça, le principal. Il faut faire confiance. Des fois, on se bat pour monter des projets qui ne fonctionnent pas. Ce n’est pas que l’idée n’est pas bonne, ce n’est pas que le talent n’est pas là, c’est juste que ce n’est pas le bon moment." Dans le cas présent, tous les astres semblaient alignés.
Réalisé par une petite équipe, l’enregistrement de la galette jazz, dont la pochette a été conçue par le Trifluvien Pascal Blanchet, s’est déroulé sans stress et dans la bonne humeur. "Ç’a été joyeux de A à Z. L’énergie était bonne en studio. Ça s’est fait très, très rapidement. On a "tapé" l’album en trois jours. La plupart des tounes ont été enregistrées en une seule prise, tout le monde dans la même pièce", se rappelle la "maman" du projet. Une façon de préserver l’essence live du groupe. "C’est ça qu’on voulait. C’est surtout un album qui reflète ce qu’on fait en spectacle."
L’esprit de La Nouvelle-Orléans des années 50 règne sur The Sun Will Shine, qui regroupe 12 pièces popularisées par le charismatique Louis Armstrong. "J’aime le jazz de cette époque. C’est peut-être celui qui me représente le mieux dans l’énergie et le contact avec le public. Je trouve que ça s’est perdu dans les autres périodes du jazz. Aujourd’hui, il y a moins d’échanges avec le public, qui n’est pas appelé à participer au spectacle. En fait, il est là pour apprécier la performance. Je ne vois pas ça comme ça, un spectacle. Je vois plus ça comme un échange d’énergie entre le public et nous", commente la pétillante musicienne qui partage la vedette avec Maude Alain-Gendreau (piano), Frédéric Pauze (contrebasse) et Marton Maderspach (batterie).
Une approche qui en séduit plusieurs. À preuve: les nombreux dons de spectateurs. "C’était tellement touchant, il y a un monsieur qui m’a donné le programme d’un spectacle de Louis Armstrong qu’il était allé voir dans les années 50. C’était son premier rendez-vous avec sa femme. Et il y avait les mots d’amour qu’ils s’étaient écrits cette soirée-là dans le programme!" conclut celle qui a aussi hérité de vinyles et de photographies.
Misses Satchmo
The Sun Will Shine
(Indépendant)