Le Gogo Show : Dans le vent

Ô Élizabeth Duperré, assouvissez notre éternelle curiosité pour les arcanes de la coquetterie féminine et dites-nous comment vous faites pour vous asseoir avec grâce, sans effaroucher les regards chastes, quand vous portez pour Le Gogo Show, revue musicale consacrée aux golden sixties, une de ces microrobes qui en laissent peu pour l’imagination. "J’en ai aucune idée! On n’a pas le temps de s’asseoir, ça roule tout le temps, autant sur scène que dans les coulisses."

Ah! l’habile esquive, qui a au moins le chic d’en dire long sur l’ampleur de la tâche à laquelle fait face la troupe menée par Lorraine Beaudry (auteure et metteure en scène): traverser, pédale – de Westfalia – au plancher, 10 ans de chansons-bulles de savon, de bouillonnement social et d’hallucinations enfumées. "La revue est faite de tableaux", précise Élizabeth-la-brunette, pour toujours Sofie-la-parfaite dans le coeur des internautes accros à la websérie Comment survivre aux week-ends? "Les gens assisteront à un spectacle de finissants durant lequel je chante Douliou Douliou Saint-Tropez, Bang Bang et Devant le juke-box. Ils verront aussi une messe à gogo et un numéro assez savoureux d’expression corporelle." Clin d’oeil à la révolution sexuelle? "Han, han", fait-elle, coquine. "On plonge ensuite dans les années hippies avec Let the Sunshine in. Au café étudiant, on sera tous un peu… affectés, disons… légèrement, là! Je fais Liverpool. Un grand moment de "draaaaaaame"."

Parce que malgré la frivolité des yéyés et leurs refrains qui n’en ont que pour les amourettes d’été, les pas de danse à la mode et les décapotables chromées, certains classiques du AM cachaient de vraies tragédies. "Liverpool, Renée Martel la chantait comme si de rien n’était, super hop la vie, mais ça parle quand même d’une fille qui se suicide."

Pas la peine d’apporter les mouchoirs, quand même. "Si on revient constamment aux années 60, c’est sûrement à cause de leur naïveté, de cette envie d’avoir du fun, juste du fun, sans trop se poser de questions."

C’EST MA TOUNE!

Tant qu’à être monté à bord de la machine à voyager dans le temps, pourquoi ne pas s’arrêter à une autre station, elle nettement plus surréaliste, celle de Band de poils. Le duo Élizabeth Dupoil (l’alter ego d’Élizabeth Duperré) et Maude Lapoilue (Maude Laperrière, également du Gogo Show) invitera les publics ouverts d’esprit à poursuivre le party au Piano rouge (la boîte à chansons de La Marjolaine) en criant à tue-tête ses versions électro-kitsch-érotico-cheapo de succès fromagés comme Les Chinois, Aimer d’amour ou La légende Oochigeas. La keytar au cou, coiffées de chapeaux en fourrure recyclée, l’émotion à fleur de poil, les deux enfants de la bande FM (celle qui rockdétend) frenchent goulûment le second degré tout en assurant que leur amour pour le beau Roch n’a rien d’ironique. "Que des chansons dont les premières notes te font crier: "C’est ma toune!"" garantit Dupoil, le plus sérieusement du monde. Le pire: on la croit.