Sunny Duval : Comme personne
Musique

Sunny Duval : Comme personne

Sunny Duval passe dans la région pour revisiter son répertoire en bonne compagnie. Pour l’occasion, il prend le temps de poser un regard neutre sur sa carrière atypique.

Guitariste au sein des Breastfeeders, auteur-compositeur-interprète connu sous le nom de Sunny Duval, écrivain et chroniqueur pour le BangBang (chronique intitulée Le petit tavernier), François Duval porte plusieurs chapeaux même s’il n’est pas obsédé par sa carrière. Le titre de son dernier recueil, En d’sous, illustre bien la personnalité de l’artiste. Il mène à sa guise, souvent à contre-courant, un projet artistique underground et subversif. Son dernier disque, Sein noir, sein blanc, est une collection éclectique de chansons parfois rockabilly, doo-wop ou country, qui nous montre bien toute la liberté qu’il s’accorde. Cette production est à mille lieues d’Achigan, premier album corrosif et percutant.

Pour lui, cette nouvelle direction artistique n’a rien de bien surprenant. Le temps était venu de mettre en évidence une nouvelle esthétique nourrie par des coups de coeur musicaux. Le répertoire américain de la fin des années 50 et du début des années 60 est ainsi revisité à la façon Sunny Duval, le tout ponctué d’histoires originales écrites en français. Nous avons même fait l’erreur de croire que la pièce Sauvage était une traduction libre de Wild One de Jerry Lee Lewis… Pas du tout. "Un de mes amis m’a dit ça aussi, souligne-t-il. Mais non, je voulais faire une pièce rock’n’roll qui parle de la nature! Les seuls personnages de cette chanson, ce sont des animaux."

"Je me suis lâché lousse sur cet album, renchérit-il. J’ai enregistré plein de voix et fait chanter mes amis; l’harmonie est très présente. C’est pas plus calme qu’Achigan, c’est juste que j’ai mis de côté la grosse distorsion. J’ai presque aboli les cymbales. Les tournées rock, ça use les oreilles et la patience aussi! Je voulais autre chose. C’est aéré, plus axé sur le rythme et les textes."

À lire sa plume, on peut s’imaginer Sunny Duval comme un grand admirateur des auteurs de la Beat tels Kerouac et Burroughs. Côté musique, on devine un mélomane féru de vinyles. L’artiste nuance le tout, sans nier pour autant qu’il reste curieux. "Autant en littérature qu’en musique, je m’inspire plus de l’esprit d’un auteur ou d’un musicien que de son travail. Je connais peut-être seulement 20 chansons des Clash, mais je suis capable de reconnaître que le personnage qu’a été Joe Strummer, c’est fondamental. Il était créatif, intègre et engagé. Ça, c’est inspirant. Même chose pour Charles Bukowski. Ce que j’aime, c’est la liberté qui se dégage de l’homme, son parcours et sa personnalité."

Et Sunny Duval fait sa vie à l’image de ces symboles, sans être trop romantique. Il ne cherche pas le trouble, comme il dit, et échafaude un plan de carrière bien personnel. "En 2012, j’aurai 40 ans. Ce que je veux, cette année-là, c’est avoir fait trois disques solos et trois livres. Ça s’en vient. Moi, je cherche de la beauté dans des situations réelles. Dans En d’sous, je pouvais m’attarder sur un mur de taverne tout croche et grafigné par le temps. Pour moi, ça dégage de quoi. Pour mon oncle, ce serait un mur à refaire… Il y a toujours des moments poétiques quelque part."

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Les Breastfeeders, Dany Placard, Fred Fortin