Anna Calvi : Main de velours, gant de fer
La sensation britannique Anna Calvi profite du festival Osheaga pour reprendre le concert qu’elle avait annulé à Montréal en janvier dernier.
Les yeux frondeurs, l’air sévère. La posture droite tel un chêne, la Télécaster en bandoulière. Le son est perçant, aux limites de la saturation, la réverbération juste bien dosée. Anna Calvi n’a pas encore chanté une note sur scène que déjà le public est intrigué, happé par cette personnalité forte capable d’austérité, mais surtout d’un abandon total à la musique.
À 28 ans, avec un seul album à son actif (en nomination, d’ailleurs, pour le prochain Mercury Prize), la chanteuse britannique doit déjà soutenir les comparaisons avec PJ Harvey ou Jeff Buckley, deux artistes reconnus pour leur magnétisme, pour leur profondeur d’interprétation. Paru en janvier dernier sous étiquette Domino, son premier album homonyme tend à prouver, malgré certaines longueurs, qu’Anna Calvi n’est effectivement pas la chanteuse pop d’à côté.
Ainsi, lorsqu’on tente de la joindre par téléphone dans son Angleterre natale, jamais on ne se serait attendu à ce mince filet de voix aigu. "J’ai appris à jouer du violon à l’âge 6 ans. Puis j’ai reçu une guitare à 8 ans parce que j’étais fascinée par Jimi Hendrix. Mes parents écoutaient toutes sortes de musique à l’époque. De Miles Davis et Django Reinhardt à Captain Beefheart. Ils m’ont encouragée à toujours demeurer ouverte et curieuse sur le plan musical."
Anna Calvi parle avec la timidité d’une souris perdue dans une ruelle de matous. Difficile d’imaginer comment elle peut ainsi se transformer sur scène. "Jouer de la musique est pour moi la chose la plus naturelle au monde. C’est ce qui m’amène à m’abandonner en concert. Pour être honnête, je me sens plus forte sur scène que dans la vie de tous les jours. Comme si c’était une nouvelle facette de moi qui émergeait."
La musicienne confirme du même souffle être très exigeante envers elle-même, ce qui l’a notamment amenée à sculpter sa voix après s’être enregistrée et analysée à maintes reprises. "Même si je suis timide dans la vie de tous les jours, je crois avoir une vision artistique très précise. Je dois être fière de mes chansons si je veux continuer de composer. Heureusement que mon réalisateur (NDLR: Rob Ellis, aussi batteur pour PJ Harvey) avait la même vision que moi. Autrement, les conflits auraient pu être très pénibles."
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