Peter Brook et Marie-Hélène Estienne / Une flûte enchantée : Théâtre flûté
Peter Brook réinvente La flûte enchantée de Mozart et renouvelle le genre opératique. Avec lui, et sa collaboratrice Marie-Hélène Estienne, cette célèbre histoire nous est offerte dans un contexte original et révélateur.
L’opéra Die Zauberflöte de Mozart (si vous préférez: La flûte enchantée) est sans doute l’un des plus populaires, sinon le plus populaire, du compositeur autrichien. Lorsque le metteur en scène Peter Brook a décidé de s’intéresser à l’oeuvre, on se demandait bien quel genre de création il mijoterait. On aurait bien voulu lui poser la question. Mais à 86 ans, l’acteur, metteur en scène et cinéaste anglais se montre plus discret. Pour remédier à cela, son assistante, Marie-Hélène Estienne, est devenue la personne toute désignée pour répondre à nos questions. On pourrait même la qualifier d’alter ego féminin de l’artiste. "L’alter ego, ah non!" s’exclame-t-elle en riant. "Je dirais plutôt la collaboratrice, voilà."
"Cette Flûte enchantée de Peter [Brook], ajoute-t-elle, on ne peut pas dire que c’est une simple réduction. Ce n’est pas une lecture, ni une réinterprétation. En fait, on a fait une nouvelle création de l’oeuvre. Modeste, oui. Mais, c’est comme si on avait créé un nouvel objet à partir de l’opéra. En même temps, je crois que La flûte enchantée est devenue plus accessible grâce à Peter. L’oeuvre n’est pas appauvrie, loin de là. Mais elle est maintenant pour tout le monde. On s’est basés avant tout sur le squelette de l’histoire. Ensuite est venu le travail avec le compositeur: Franck Krawczyk. Et ne vous méprenez pas, Franck n’est pas seulement un pianiste sur scène. Je dirais même qu’il est devenu un excellent pianiste en travaillant sur cette oeuvre. Avec lui, la musique de Mozart se recrée constamment."
La collaboratrice de Peter Brook nous souligne aussi que cette "pièce opératique" est en mouvement perpétuel grâce à la collaboration entre les acteurs-chanteurs et le pianiste-compositeur. Trois mois intensifs de répétitions furent nécessaires pour familiariser les interprètes à une dynamique théâtrale pure. Sans oublier que cette histoire est féerique, avec des personnages colorés tels que Papageno et Papagena, la flûte elle-même et, bien sûr, la Reine de la nuit. "Dans un contexte épuré, cette dernière devient plus humaine. Très souvent, à l’opéra, ce personnage est extraordinaire et descend du ciel… Au contraire, elle arrive des entrailles de la terre. C’est très proche du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare et du personnage de Titania." Sans compter que Peter Brook est un érudit de Shakespeare.
Opéra pour tous les goûts
C’est la première édition du Festival Opéra de Québec qui débutera le 25 juillet. Jusqu’au 6 août, Québec sera en contact avec l’art lyrique sous toutes ses formes, un rêve que cultive le directeur artistique de l’Opéra de Québec, Grégoire Legendre, depuis plusieurs années. À noter, le tandem composé de Marie-Josée Lord et Marc Hervieux, qui seront de passage à l’Agora le 30 juillet. Mais la pièce de résistance est sans nul doute Le rossignol et autres fables d’Igor Stravinski, mis en scène par Robert Lepage, au Grand Théâtre du 2 au 6 août. Un défi technique pour la salle Louis-Fréchette. La voix humaine sera bien vivante dans la ville de Québec. Croyez-en la Brigade lyrique qui sillonnera les parcs et autres lieux publics de la ville. Bon festival!