Wyclef Jean : Monsieur le président
Wyclef Jean fusionne politique et musique sans même y penser. Wyclef continue de faire sa groove alors que Jean est devenu l’ambassadeur haïtien le plus prestigieux au monde. Pas de doute, l’artiste ne baisse pas les bras.
Le chanteur Wyclef Jean vient de recevoir le titre de Grand Officier de l’Ordre national: honneur et mérite en Haïti, il y a quelques jours, des mains du président Michel Martelly. Ce président, l’artiste le connaît bien. Il a même soutenu celui qu’on surnomme "Sweet Micky" lors des dernières élections, en avril dernier. À défaut de pouvoir se présenter lui-même comme candidat à l’élection présidentielle, Wyclef Jean a pris parti et compte bien rester très actif comme ambassadeur (non officiel) de son pays d’origine.
"On peut dire "ambassadeur", oui. Je n’arrêterai pas de soutenir le président. M-M [le surnom qu’il donne au président] est sur la bonne voie. Le Parlement est derrière lui maintenant, il est à la tête d’un groupe de députés uni. Mais surtout, je suis très heureux de constater que l’éducation est devenue sa priorité. Micky [autre surnom] sillonnera le monde entier pour convaincre l’Occident qu’il doit aider Haïti à atteindre un objectif primordial: instruire les Haïtiens. Une population qui ne sait ni lire ni écrire, c’est une population d’esclaves. Ça doit changer. Il faudra beaucoup d’argent, mais je crois que M-M réussira à faire du bon travail. Pour ma part, je milite déjà pour l’éducation depuis plusieurs années. Pas seulement pour Haïti, mais pour l’Afrique et même aux États-Unis."
On peut dire que la star du R’n’B a soulevé les passions lorsqu’elle a déclaré vouloir non seulement aider le pays à se relever d’un tremblement de terre digne de l’apocalypse, mais devenir président. Critiqué à propos de ses motivations et même soupçonné de corruption en ce qui concerne la gestion de Yele Haiti, une fondation qu’il a créée pour recueillir des fonds, le musicien a goûté à la médecine de l’arène politique. Il ne tient pas à commenter ces aspects négatifs de sa campagne, soulignant que ses priorités sont ailleurs. Et à propos de l’attentat dont il a été victime en mars dernier lors d’une visite en Haïti, alors qu’il a été touché par un projectile d’arme à feu à la main droite, il se montre rassurant. "C’est correct, rien de grave. Et ma main, elle, est parfaitement rétablie. Tout ce que j’ai à dire là-dessus, c’est que j’ai été chanceux."
Après autant d’énergie à vouloir changer le monde, on se demande bien comment fait le producteur de musique pour voir à sa carrière. Ce serait sous-estimer le bourreau de travail qui sommeille en lui. "Je vais sortir un nouvel album à l’automne, ça va s’appeler Feel Good Music. J’ai travaillé là-dessus avec mon frère [Sam Jean] pendant l’année et c’est presque terminé. C’est sûr que vous aurez l’occasion d’en entendre quelques extraits lors de mon prochain concert. D’ailleurs, tu ne peux pas savoir à quel point je suis enthousiaste de monter à nouveau sur une scène. Ça fait longtemps… C’est bien que ce soit au Québec, c’est l’un des marchés qui me soutient le plus." On imagine facilement que le rêve de Wyclef serait d’être en spectacle à Port-au-Prince devant 200 000 personnes… "Oh! Lorsque je donnerai un concert en Haïti, il y aura deux millions de personnes devant moi!" conclut-il en riant.
À écouter si vous aimez /
Bob Marley, Michael Franti et The Fugees