Dweezil Zappa : Un Zappa pure laine
Musique

Dweezil Zappa : Un Zappa pure laine

Dweezil Zappa joue Frank Zappa depuis maintenant cinq ans et en a fait une vocation. Le fils prodige ne lâche pas le morceau et continue sa quête d’excellence.

Lorsque nous avons intercepté le guitariste Dweezil Zappa, il venait tout juste de sortir d’une classe de maître qu’il donnait en compagnie des musiciens qui l’accompagnent pour la tournée Zappa Plays Zappa. Le fils aîné de Frank Zappa est devenu l’ambassadeur de l’héritage musical de son père et, comme s’il ne suffisait pas de produire un concert techniquement irréprochable avec le répertoire du paternel, il s’adonne aussi à la pédagogie. "Nous avons parfois des concerts sur certains campus, des musiciens sollicitent alors des formations. C’est très bien, on passe en revue certaines pièces de mon père et on monte un petit orchestre de jeunes qui font ensuite une prestation."

Le musicien se dit à l’aise dans le rôle d’enseignant. Il faut dire qu’il a appris d’un artiste qui avait de la verve en ce qui a trait à la musique et que Frank Zappa a laissé derrière lui un travail colossal. "Je n’ai pas vraiment étudié la musique au sens strict du terme, précise-t-il. Mon école, c’était de voir mon père à l’oeuvre et de discuter avec les excellents musiciens qui travaillaient avec lui. J’étais attentif et j’ai appris beaucoup."

"C’est plus tard que j’ai peaufiné ma technique, ajoute-t-il. Au départ, ce qui m’influençait, c’était le hard rock et des guitaristes comme Randy Rhoads et Eddie Van Halen. Ma technique vient de là. Par la suite, en m’intéressant à la musique contemporaine et à celle de mon père, j’ai dû faire mes devoirs et apprendre tout ce que j’avais laissé de côté lorsque j’étais jeune: la théorie et l’harmonie. Je dis souvent que j’ai obtenu jeune mon diplôme de guitariste et que je suis devenu musicien par la suite."

Réincarnation

Il est surprenant de constater le cheminement artistique de Dweezil Zappa. Celui qui s’affichait dans les années 80 comme un guitar hero (avec des albums tels que Havin’ a Bad Day et My Guitar Wants to Kill Your Mama) a réussi à se réinventer et à s’accomplir grâce à la musique de son père. Et attention, il ne s’agit pas d’un simple hommage nostalgique et conventionnel. Le musicien a revu l’ensemble des arrangements pour les compositions choisies, telles que Cheepnis, Peaches en Regalia et Big Swifty. "Lorsque tu te retrouves à la tête d’un ensemble de huit musiciens, les choses se compliquent. Un guitariste a souvent la mentalité d’être seul en tête, dans sa bulle, et de pouvoir faire ce qu’il veut. Avec un orchestre consacré à la musique de Zappa, ce type de comportement n’est plus envisageable. Tu fais partie d’un tout. La musique est écrite et tu dois respecter les directives, sinon tu passes à côté. Je crois que ça m’a pris au moins deux ans pour changer mon style et faire un apprentissage théorique convaincant. Et, à cette époque, je ne pensais même pas fonder un orchestre autour de la musique de mon père."

C’est en 2006 que le guitariste décide de créer un orchestre pour revisiter l’oeuvre du "Grand Wazoo". Une simple tournée de deux mois est alors mise en place et rien ne semblait destiner cette entreprise à une longue durée. C’est maintenant devenu la principale activité de Dweezil Zappa. "On voulait faire quelque chose pour que cette musique continue de vivre et qu’elle puisse être découverte par d’autres générations. On se disait qu’ensuite les gens initiés continueraient d’explorer par eux-mêmes les différents projets de mon père, qu’ils soient rock, jazz ou contemporains. On ne voulait surtout pas produire d’enregistrement avec cet orchestre. On voulait plutôt mettre en valeur les disques originaux tels que Hot Rats, Apostrophe (‘) et Joe’s Garage. Je voyais cet orchestre comme un catalyseur pour le catalogue original. Finalement, les gens en sont venus à apprécier notre concept et ceux qui connaissaient déjà l’oeuvre de Frank Zappa souhaitaient avec insistance se procurer un enregistrement de ces nouvelles interprétations. Dans ces circonstances, pourquoi pas?"

Après un DVD en 2008 et un nouvel album live intitulé Return of the Son of…, Dweezil est dans les traces de son père. Par contre, il se garde bien de devenir un polémiste redoutable comme Frank Zappa et fait attention de ne pas se transformer en indomptable workaholic. "Lorsque je vois mes deux jeunes filles grandir aussi rapidement, je me rends compte que je n’ai pas le choix d’en faire une priorité. Je te le confirme, mon père travaillait tout le temps. La seule façon de passer du temps avec lui était d’être dans le studio où il travaillait, de jeter un oeil sur ce qu’il faisait et de profiter, une fois sur deux, des quelques minutes de répit qu’il s’octroyait. Puis, il retournait au travail aussitôt. Disons que les traditionnels soupers en famille n’étaient pas fréquents!"

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