Lyse & the Hot Kitchen : Fine cuisine
Musique

Lyse & the Hot Kitchen : Fine cuisine

Le trio montréalais Lyse & the Hot Kitchen donne du panache à la reprise.

En voilà une curiosité dans le paysage rock local. D’abord à cause de l’aspect intergénérationnel du trio, composé de l’ex-Jaguars, ex-Sinners et musée du rock’n’roll sur deux pattes Jean-Guy "Arthur" Cossette, dans la soixantaine bien avancée; du contrebassiste Jérôme Hébert, fin vingtaine; puis de la Lyse en question, l’ex-Crazy Rhythm Daddies et ex-accompagnatrice du défunt pilier rockabilly Ray Condo Lyse Déjeuner, "quelque part en plein milieu", ricane-t-elle d’une voix d’adolescente.

Ensuite à cause de sa forme: Déjeuner chante et joue de la caisse claire debout, seule présence percussive à l’horizon. Enfin parce que le répertoire que le groupe astique depuis presque 13 ans est strictement composé de reprises de chansons françaises, rock et "western swing" (ne pas dire "rockabilly") des années 40 à 60, de Nancy Holloway à Boris Vian, en passant par Patsy Cline. Toutefois, Lyse & the Hot Kitchen surclasse la catégorie "groupe de cover" pour aller rejoindre celle des groupes rock les plus adroits en ville.

"Les gens qui viennent nous voir ne savent pas nécessairement que ce sont des reprises, témoigne Déjeuner. J’habite ce que je fais. Et la guitare d’Arthur, ça ne se copie pas, c’est purement authentique! J’ai essayé longtemps de griffonner des niaiseries, mais tout a été fait. On ne demande pas à un comédien d’écrire son texte…"

À l’oeuvre dès 1998 sous le nom de Lyse et les Magnifiques, le trio s’est arrêté après une année et demie en raison de l’état de santé de Cossette, puis ce que Déjeuner décrit comme un "découragement généralisé". Un sermon du patron Condo l’encourage, mais c’est finalement la raison qui pousse Lyse à ranimer l’affaire en 2005. "Je me suis dit que ça n’avait pas de bon sens d’être près d’un grand musicien et de ne rien faire", dit-elle.

On s’étonne de retrouver encore dans le répertoire du groupe certains des mêmes titres qu’à ses débuts, dont Tu n’es pas venu de Nancy Holloway, brûlot soul transformé en bonbon pop à la France Gall. "Au fil des ans, on se renouvelle, on ajoute des choses, mais j’ai aussi mes vieux hits pis j’y tiens", lance la chanteuse. "On ne fait pas l’art qu’on veut, on fait celui qu’on peut. Si on a choisi ces morceaux à un moment donné, c’est qu’ils nous vont bien!"

À voir si vous aimez /
She and Him, Jacques Dutronc, Françoise Hardy