Clement Jacques : Nouveau chantier
Après un premier album anglophone paru en 2009, Clement Jacques effectue un nouveau départ avec un premier disque francophone: Le maréographe.
"Sur un chantier de construction, entre trois clous pis deux vis, t’as le temps de réfléchir en maudit", lance Clement Jacques au bout du fil. Il a beau avoir abandonné récemment le marteau pour servir des drinks dans un bar du Plateau, l’auteur-compositeur-interprète doit être cru sur parole, lui qui s’est âprement interrogé sur son avenir musical quelques semaines à peine après la parution de son premier album folk anglophone, Consumed & Guilty, lancé sous étiquette Audiogram en février 2009.
"Les choses ne se sont pas passées comme je l’espérais. C’est surtout une histoire de circonstances, je n’en veux à personne. Audiogram m’a donné ma première chance, mais je devais aller voir ailleurs. Je suis retourné au Saguenay travailler sur des chantiers sans trop savoir ce qu’il adviendrait de ma carrière."
La six cordes jamais bien loin, Clement s’apprête à célébrer le temps des Fêtes 2009 lorsque se produit le déclic. "J’écoutais un concert de Zachary Richard sur ARTV. Il chantait des pièces en anglais, d’autres en français. J’ai senti quelque chose. J’ai mis la télévision sur mute, j’ai pris un papier et un crayon puis j’ai écrit Tellement souvent, ma première pièce en français à vie."
Motivé à l’idée de composer à nouveau, Clement Jacques revient illico à Montréal dans le but avoué de s’abreuver, de trouver un leitmotiv. "Je me suis d’abord dit que j’écrirais des chansons sur toutes les filles que je rencontrerais", mais conscient de la réputation que pourrait lui valoir l’exercice, il se ravise. "On rencontre tellement de gens intéressants dans le milieu de la musique, c’est parfois difficile d’y voir clair. Le processus de composition est donc plutôt devenu une sorte de psychanalyse portant sur mon rapport aux êtres humains. Pourquoi fonctionne telle ou telle relation? Pourquoi cette histoire d’amour vouée au succès ne me convient pas? Qu’est-ce qui m’irrite chez l’autre? Ça m’a aidé à comprendre ce que je cherchais, d’où le titre, Le maréographe, un outil servant à mesurer les marées pour mieux les comprendre et s’en servir. L’album m’a permis de me découvrir, de mieux connaître mes marées intérieures."
Entièrement francophone, Le maréographe, qui sera lancé la semaine prochaine par Sphère Musique, marque ainsi un nouveau départ pour Clement Jacques. Inspirée, la réalisation d’Éloi Painchaud ajoute en textures: nappes d’orgue, percussions décalées et cette approche plus expérimentale et atmosphérique rappelant le fameux Plan B d’Okoumé. Si Consumed & Guilty lui a valu des comparaisons avec Ben Harper ou Jack Johnson, ces 13 nouvelles pièces folk-pop risquent de séduire davantage le public de Kaïn ou de Vincent Vallières. "C’est drôle, maintenant que je chante en français, on me demande si c’est pour séduire les radios de la province et faire plus de sous. Mais quand je chantais en anglais, on me demandait aussi si c’était pour pogner davantage… On s’en sort pas."
Clement Jacques
Le maréographe
(Sphère)
À écouter si vous aimez /
Kaïn, Vincent Vallières, Okoumé