Fredric Gary Comeau : D'une lettre à l'autre
Musique

Fredric Gary Comeau : D’une lettre à l’autre

Fredric Gary Comeau soulignera ses 20 ans de carrière lors de trois concerts "carte blanche" au Théâtre de Quat’Sous.

"J’ai grandi au bord de la mer, là où l’on apprend à nager avant de marcher", lance Fredric Gary Comeau au détour d’une phrase. Le poète et auteur-compositeur-interprète originaire de Bathurst, dans la baie des Chaleurs, a beau en connaître davantage sur le jargon nautique que la moyenne des ours, il s’est souvent imaginé mourir noyé dans les textes de ses quatre albums folk et ses dix recueils de poésie, dont le tout premier, Stratagèmes de mon impatience, paru il y a 20 ans.

Rencontré pour discuter de cette série de trois concerts "carte blanche" que lui a offerte le directeur général et artistique du Théâtre de Quat’Sous, Éric Jean, le chanteur à la voix grave et caverneuse revient sur les leitmotive qui ont guidé sa création. "Pour préparer ces spectacles-bilans, j’ai tout relu mon oeuvre et réécouté mes disques. J’ai constaté que ça faisait 20 ans que je vivais avec les mêmes obsessions. Dans mes chansons, la place accordée aux muses est prédominante. C’est un thème qu’on devait inclure dans le spectacle. Il y aura donc une fille avec moi sur scène, à demi cachée, qui symbolisera la thématique. En poésie, j’utilise beaucoup d’images marines. Lorsque je ne le fais pas, j’utilise celles du désert – une mer asséchée – ou de la forêt que je lie beaucoup à l’enfance, sans doute à cause de la forêt de chez mon grand-père."

Si ses poèmes ont souvent l’allure de bouteilles jetées à la mer, de prières adressées à un vous collectif ou parfois porteur de respect envers un être en particulier, ses chansons sont plus précises, écrites avec une personne en tête. Au centre du fossé, le voyage, ce constant désir d’évasion. "Quand tu grandis à la campagne et que tu ne conduis pas [ndlr: quasi aveugle, Gary Comeau ne peut pas avoir de permis], t’es vraiment pogné. La minute que je me suis retrouvé dans une grande ville, que j’ai réalisé à quel point j’y étais libre d’aller partout grâce au transport en commun, je me suis mis dans la tête de visiter les métropoles du monde", confie celui qui se trouvait sous le ciel de Tokyo il y a quelques semaines à peine.

À travers ces grandes lignes se dessinent ainsi ses concerts "carte blanche", rétrospective de sa création. Intitulés Mes mondes flous, les spectacles mis en scène par Lousnak (Lhasa, Yves Desrosiers) mêleront bien sûr poésie et chanson, mais aussi vidéo et arts visuels puisque l’artiste maîtrise les techniques de la peinture acrylique. "Je vois ces performances comme un objet théâtral. Je chanterai en m’accompagnant à la guitare. On y trouvera un décor important. Il y aura des projections, et les poèmes seront intégrés de deux façons: préenregistrés ou récités sur un fond musical d’Arno Loison-Cart. Le titre, Mes mondes flous, fait référence aux images abstraites inhérentes à mon oeuvre… et un peu au fait que ce que tu vois à 200 pieds, je le vois à 20 pieds."

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