Luc de Larochellière : Chanteur populaire
Alors qu’il présente une série de concerts intimes où son répertoire nous est joué sans artifices, Luc de Larochellière effectue rien de moins qu’un "retour", de son propre aveu amusé.
En 1988, le Québec voyait apparaître un nouvel auteur-compositeur-interprète qui fourmillait de bonnes idées et qui, déjà à 22 ans, maîtrisait l’art de la chanson. Bien que doté d’un talent aussi brut qu’un diamant pour cet art (que Gainsbourg qualifiait avec cynisme de mineur), Luc de Larochellière aura vu le grand public le déserter pendant quelques années.
Et puis, en 2009, l’album Un toi dans ma tête renversait la vapeur et remettait De Larochellière à la place qui lui revenait. Sans aucune amertume, le père de l’intemporelle Amère America jette un regard empreint de sagesse sur sa carrière. "À la limite, on pourrait appeler ça un retour, même si je ne suis jamais parti. Il y a des cycles comme ça qui ne sont pas toujours en rapport avec la qualité de l’écriture ou la pertinence de la démarche de l’artiste. À un moment donné, tu es comme le goût du jour, et ça dure un temps. Après ça, même si toi, tu arrives avec ton meilleur album, si le monde est rendu ailleurs, ça se peut qu’il passe dans le beurre. C’est un peu troublant, car aujourd’hui, on nous amène tellement à nous situer à partir du succès populaire et des chiffres que ça donne un coup quand ça arrive. C’est un peu une leçon, car il faut apprendre à se définir à partir d’autre chose que ça, sinon on arrête aussitôt que les chiffres baissent."
Dans le même ordre d’idées, De Larochellière fait un parallèle entre sa carrière et celle d’un autre grand maître de l’art de la chanson. "J’ai été chanceux, car en début de carrière, j’ai vendu beaucoup de disques et ça m’a permis de ne pas être un inconnu pour beaucoup de gens. Par contre, il y a des artistes pour qui ça a pris beaucoup de temps. À la fin des années 80, j’avais 22 ans et je vivais un gros succès. À la même époque, il y avait un autre "nouvel artiste" qui avait lui aussi commencé dans la vingtaine, mais qui connaissait le succès pour la première fois de sa vie; il s’appelait Richard Desjardins. Moi, j’ai eu du succès tout de suite en partant, et ensuite un 10, 15 ans plus difficile, tandis que lui, il a dû passer à travers un 10, 15 ans avant d’avoir du succès. S’il avait arrêté avant ce moment-là, on aurait tous perdu au change."
Luc de Larochellière en est maintenant à présenter une série de concerts où, seul avec sa guitare, il nous joue ses chansons, un peu comme si nous étions avec lui dans son salon. Il nous confie qu’il aime y interpréter Un toi dans ma tête dans son intégralité, car les gens se sentent interpellés. Apparemment, ses fidèles spectateurs avaient vu juste à propos de cet album. "Les pièces plus intimes, je les avais testées dans mes concerts avant la sortie d’Un toi dans ma tête. Ce que j’avais constaté, c’est que souvent, les choses les plus intimes sont les plus universelles. On touche vraiment aux émotions humaines de base." p>À voir si vous aimez /
Michel Rivard, Moran, Bori