Rafael Zaldivar : Chauds accords
Musique

Rafael Zaldivar : Chauds accords

Rafael Zaldivar fait honneur à l’héritage jazz pianistique de ses origines cubaines et à celui de sa terre d’accueil, Montréal.

Prix Opus 2010 de la révélation de l’année (accordé à un jazzman pour la première fois), gagnant du Concours de la relève Jazz en rafale 2009, coup de coeur de la publication française Jazz Magazine… Faire l’étalage des distinctions qu’a reçues Rafael Zaldivar – des deux côtés de l’Atlantique – après la sortie de son premier gravé, Life Directions, donne le vertige. Heureusement que le piano du Cubano-Montréalais a les pattes sur terre.

"J’ai été vraiment surpris par la réaction des journalistes et des producteurs de spectacles, que ce soit ici ou à l’international, concède le pianiste. Il faut dire que nous, les musiciens, on est rarement satisfaits de nos enregistrements; on pense qu’on peut toujours faire mieux." Rafael Zaldivar serait-il un éternel insatisfait? Mauvaise conclusion. Disons plutôt qu’il a déjà la tête ailleurs… "Avec la production de mon deuxième album, je me suis rendu compte que le premier était juste un aperçu de ce qu’on peut vraiment faire… Je suis très ambitieux quant au travail de recherche. J’essaie de développer mon instinct à partir de grands principes musicaux", synthétise le musicien gentleman.

Au piano, le style de Zaldivar est un jazz moderne, contemporain, mais son jeu est nourri par les différentes escales de son parcours de vie. "Ma formation est d’abord et avant tout classique, mais ma principale source d’inspiration, c’est la musique cubaine. J’ai également étudié le jazz américain, et j’ai tout voulu connaître du jazz de mon nouvel environnement." S’étant penché sur le style des vétérans de la scène montréalaise (Oliver Jones, Vic Vogel…), Zaldivar porte fièrement l’héritage pianistique de la métropole. "Je me sens Canadien; j’ai la citoyenneté canadienne. Je me sens aussi Québécois. Je me sens Montréalais. J’ai eu la chance d’y être vraiment accepté. Mais il y a plus, car je me sens encore Cubain. En fait, les artistes, à force de jouer ici et là, on devient facilement des citoyens du monde."

Les grandes capitales jazz du globe, le musicien les visite pour des concerts (il a déjà une tournée européenne à son actif), mais il s’y rend également pour participer à différents concours. "Les compétitions m’apportent beaucoup sur les plans personnel et professionnel. J’y rencontre des artistes d’un peu partout, du même âge que moi, mais c’est surtout une façon de me faire connaître, de me faire voir. Cette année, au Festival de jazz de Montreux, j’ai pu jouer devant Tommy LiPuma, le président du jury, qui fut producteur pour Miles Davis!"

Et il y a la rencontre de nouveaux publics. "Mon plus grand plaisir, c’est de partager mon travail musical avec les gens." Et comment se comporte le public québécois? "Il est à l’écoute, très respectueux. Il s’intéresse beaucoup à mon côté "exotique", à cette image que je projette du "pianiste jazz cubain". Ça me touche beaucoup que la société québécoise soit sensibilisée à la culture cubaine." Car au-delà des liens politiques, c’est la musique qui rythme la belle relation entre le Québec et Cuba.

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Thelonious Monk, Danilo Pérez, Gonzalo Rubalcaba

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FESTIVAL DE JAZZ DE RICHMOND

Les notes bleues de la deuxième édition du Festival de jazz de Richmond proviendront surtout de chorégraphies des touches blanches et noires du piano du Centre d’art, car en plus de Rafael Zaldivar, l’église convertie en jolie salle de concert accueillera Matt Herskowitz (le 26 août à 20h) et Yves Léveillé (le 27 août à 20h), deux autres pianistes. Si Herskowitz sait faire siennes les compositions de Gershwin, il a une énergie (contagieuse) bien à lui lorsqu’il se retrouve sur scène. Quant à Léveillé, un incontournable de la scène jazz montréalaise, il interprétera ses compositions impressionnistes devant les mélomanes de Richmond, en complicité avec son quartette, un commando de musiciens aguerris.