Tom Morello : Incendies
Avec son troisième album solo, l’ex-Rage Against the Machine Tom Morello poursuit sa croisade contre les inégalités.
Le nouvel album de The Nightwatchman, alter ego de Tom Morello, célèbre guitariste de Rage Against the Machine et ex-Audioslave, ne pouvait pas plus tomber à point. Surtout lorsqu’on examine l’actualité incendiaire des derniers mois. "La pilule serait bien difficile à avaler pour nos dirigeants", affirme Morello dans un éclat de rire, faisant référence à ce que diraient les Obama et Cameron de ce monde à l’écoute de World Wide Rebel Songs. Quoi qu’il en soit, il appert manifeste que ces 13 nouvelles chansons dépeignent un Morello en furie.
"Si je suis en colère? Non, pas vraiment, soutient le guitariste de sa voix de baryton. Cet album en est un de désespoir coléreux. Je voulais que World Wide… porte différents chapeaux: un à la Johnny Cash, l’autre à la Che Guevera, et le dernier fait à partir d’amplis Marshall. Un titre comme World Wide Rebel Songs, je savais que ça allait donner aux chansons une résonance particulière."
Parlant de résonance, on note la présence de guitares électriques qui se font tranchantes, plus revendicatrices que jamais, faisant preuve d’une personnalité parfois méphistophélique qui n’est pas sans rappeler les belles années Rage Against. Oui, le guitariste et ses glorieux solos sont bel et bien de retour. Alléluia! "Il y a quelques années, j’ai interprété The Ghost of Tom Jones avec Bruce Springsteen en version rock, et c’était la première fois que je chantais avec une guitare électrique dans les mains. J’ai réalisé que le message populiste folk ne se perdait pas, malgré la guitare électrique, qui ne cadre toujours pas avec les couleurs folks."
Ainsi, certaines pièces de World Wide… se font sulfuriques, comme It Begins Tonight, avec son riff digne d’Audioslave et son solo tout droit sorti de l’époque Evil Empire de RATM. "C’est le 14e album de ma carrière; si je ne suis pas à l’aise dans ma peau de créateur, je ne le serai probablement jamais. C’était tout simplement l’occasion idéale de reprendre la guitare électrique."
S’il se fait martelant par endroits, Morello tenait toutefois à maintenir cet esprit folk quasi intrinsèque à la musique de protestation et à The Nightwatchman. C’est le cas sur Black Spartacus Heart Attack Machine et sur l’acoustique chanson-titre, qui tient particulièrement à coeur au chanteur protestataire. "Des travailleurs qui fabriquaient des guitares en Corée ont formé un syndicat. En réaction à cela, les propriétaires de l’usine l’ont déménagée en Chine. Quand j’ai été mis au courant de cette aberration, j’ai offert de les aider en donnant un concert-bénéfice. Ce jour-là, Haïti a été démoli par le tremblement de terre. Le groupe de travailleurs a instantanément décidé de donner TOUS les profits du concert à Haïti. Ce geste m’a profondément touché. C’est alors que j’ai écrit World Wide Rebel Songs."
"Cet album reflète un mécontentement global. Pour répondre à ta question de tantôt: si nos présidents et premiers ministres finissaient par entendre mon album, ils seraient très petits dans leurs culottes."
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Bruce Springsteen, Johnny Cash, Rage Against The Machine