Little Scream : Les mystérieuses cités d'or
Musique

Little Scream : Les mystérieuses cités d’or

Little Scream voyage dans le temps et l’espace.

Près de six mois après sa parution, le Golden Record de la Montréalaise Laurel "Little Scream" Sprengelmeyer – une autre omission impardonnable de la courte liste pour le prochain prix Polaris – recèle toujours des mystères. Ces allées et venues entre la lumière et la noirceur, entre la grâce et la tourmente; ces ballades folk assorties de sursauts rock, ces successions de mouvements (une trace laissée par la musique classique et l’envie de "remettre un peu de drama dans la pop", dira l’artiste)… Quelle humeur derrière cette teinte dorée, si expressive et pourtant si ambiguë?

Ce n’est pas comme si Sprengelmeyer, une Yankee de l’Iowa installée ici depuis une décennie, avait pu prendre beaucoup de temps pour nous l’expliquer: les mois écoulés depuis la parution de l’opus, un labeur de longue haleine mitonné quatre années durant en compagnie de Richard Parry d’Arcade Fire, ont surtout été passés sur la route. Une transition étonnamment facile après les années de couve. "Je pense mieux fonctionner dans l’adversité", confie Laurel en riant. "J’ai plus de facilité que certains de mes amis qui tournent beaucoup, eux aussi. Mais la pression est forte en ce moment sur les artistes pour qu’ils tournent constamment. Les ventes d’albums sont difficiles et cette étape peut faire toute la différence. Même si j’adore être sur la route, je dois rester prudente et ne pas accepter toutes les offres systématiquement. Ce serait vraiment facile de dépasser la limite, de me brûler et de me mettre à haïr ce que je fais", explique-t-elle.

La "couleur dorée", s’avère-t-il, n’a pas qu’une seule connotation émotive. "L’album est un peu ma version du son Motown. Ça n’a rien à voir sur le plan musical, je pense davantage à l’esprit. La musique Motown traitait souvent de trucs très lourds, mais les artistes transformaient ça en une sorte de célébration subversive, une joie défiante. Beaucoup de mes chansons viennent du même endroit: j’explore la tristesse ou la noirceur, mais idéalement dans le cadre le plus lumineux possible."

Le titre de l’opus, au final, est plus un parallèle avec l’exploration spatiale qu’avec la sensibilité visuelle de Sprengelmeyer, également peintre. "J’ai toujours aimé l’histoire des disques d’or de la sonde Voyager. Elle m’a toujours inspirée (ndlr: la sonde spatiale envoyée en 1977 contenait deux disques en or renfermant des informations sur notre planète, destinés à d’éventuels intercepteurs extraterrestres). J’ai cru en cet album de la même façon, dans un sens personnel. C’était ma tentative de rassembler toutes ces époques de ma vie sur un même disque."

Après l’étape des tournées en trio, Little Scream retournera à ses origines solos le temps d’une escale au Musée d’art contemporain, dans le cadre de la série Nocturnes. Laurel décrit l’expérience comme "entièrement nouvelle" puisqu’elle s’y accompagnera d’échantillonnages, en plus de sa guitare, et des projections et expériences visuelles d’Ian Cameron (The National Parcs). "Mes chansons seront un point de départ", évoque-t-elle. Concept il y a, mais l’artiste ne veut pas trop élaborer. "Je ne veux pas que les idées sculptent la vision des gens. J’ai trop de concepts, tu sais. Ils n’ont pas nécessairement d’utilité pour quiconque d’autre que moi."

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