New York Voices : Voix au pluriel
Musique

New York Voices : Voix au pluriel

New York Voices a choisi de sortir du lot et de révolutionner le jazz vocal à sa façon. Ces quatre virtuoses se distinguent au sein d’un groupe polyvalent qui réinvente les standards.

Lorsque le chanteur Peter Eldridge nous décrit l’attitude artistique de l’ensemble vocal New York Voices, avec qui il travaille depuis presque 25 ans, on constate rapidement que ce quatuor de chanteurs jazz est un véritable laboratoire musical. En compagnie de ses collègues Kim Nazarian, Lauren Kinhan et Darmon Meader (aussi saxophoniste), il a mis en oeuvre une dynamique singulière qui procure au groupe une liberté créative peu commune.

"Lorsque nous avons fondé cet ensemble, se rappelle-t-il, nous voulions que toutes les décisions soient prises au sein du groupe. C’est un "projet maison", nous voulions contrôler la direction artistique et faire nos propres arrangements. Nous ne sommes pas que des interprètes, nous sommes surtout des musiciens. Ce qui nous intéressait était de trouver une façon de combiner adéquatement le jazz vocal au jazz instrumental. Il n’était pas question de faire dans l’a capella. Le jazz vocal est parfois un peu gentil, trop aérien et accessible. New York Voices devait devenir un instrument de musique complet, capable d’être percutant et de fusionner avec d’autres musiciens."

Dix ans après la création du groupe, ces quatre musiciens signent avec RCA Victor. Au lieu de se plier aux recommandations de l’étiquette de disques américaine et d’enregistrer un album consacré à George Gershwin, le groupe insiste pour faire un hommage original à l’auteur-compositeur-interprète Paul Simon. "Gershwin, c’est très bien, précise-t-il. On ne peut rien dire contre sa création. Mais pourquoi toujours enregistrer Gershwin? Nous avons tenu notre bout pour faire ce disque Paul Simon [intitulé NYV Sings the Songs of Paul Simon]. L’idée était de sortir des sentiers battus, mais aussi de pouvoir chanter les chansons d’un artiste qui était encore en vie! Paul Simon correspond à notre génération, nous avons grandi avec ses chansons. Sans compter que ce répertoire est très riche sur le plan des harmonies et des mélodies. Nous avons signé tous les arrangements, supervisé toutes les étapes. On a eu un plaisir fou!"

C’est par la suite que les collaborations se sont multipliées. On a retrouvé les membres de New York Voices aux côtés d’Astrud Gilberto, de Nancy Wilson (Heart), du Count Basie Orchestra (avec qui ils ont remporté un Grammy) et du saxophoniste cubain Paquito D’Rivera. "Nous sommes de grands amateurs de jazz brésilien et latin. Nous avons été chanceux de côtoyer ces artistes. Lorsque tu te retrouves avec le Count Basie Orchestra, tu comprends que tu dois travailler. Et c’est bien comme ça! C’est un défi et tu continues d’apprendre."

Pour Peter Eldridge, c’est sans doute avec le compositeur brésilien Ivan Lins que le terme apprentissage a pris une tout autre définition. "Je dois avouer qu’Ivan Lins est une idole pour moi. J’ai été surpris lorsqu’il m’a demandé d’écrire des paroles sur sa musique. Je peux composer une chanson par jour, et New York Voices a déjà beaucoup de chansons originales à son actif [tendez l’oreille vers le dernier disque, A Day Like This]. Mais écrire les paroles d’une chanson, c’est autre chose. Comment fait-on pour écrire sur ce qui a déjà été chanté mille fois, et de façon différente? On ne peut qu’essayer!"

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