Bourbon Bay : Sur la route
Les intentions de la formation gatinoise Bourbon Bay sont claires: ne rien proposer de trop compliqué et demeurer à l’écoute de ses instincts. Tant que la musique lui permettra d’avaler du bitume…
Même après un entretien de plusieurs dizaines de minutes, les origines de Bourbon Bay restent floues, indéterminées. "Y a vraiment longtemps, à Montréal…" avance du bout des lèvres Julien Morissette, leader et compositeur principal, comme si la genèse de son nouveau band se perdait dans l’espace-temps, ne sachant à quelle époque s’amarrer. Un peu comme sa musique, qui se fout des modes et va se vautrer allègrement dans les clichés du country-folk américain pour en soutirer une sève créative originale bien moderne. En entrevue, Morissette, et Stéphanie St-Jean, chanteuse et parolière, expliquent leurs balbutiements: "Je me souviens, on était en Outaouais, dans le temps des Fêtes. Julien venait juste de commencer avec Tracteur Jack."
Julien la coupe: "En fait, je pense même pas que Tracteur Jack était commencé."
Aïe.
Confus? Nous aussi. Acceptons plutôt le fait que nous ne saurons jamais quand exactement Bourbon Bay a vu le jour. Ce que l’on sait, c’est que, à l’époque, St-Jean souhaitait ardemment prendre part à un projet musical. "J’allais pas à l’école et je me cherchais des projets. Je me souviens d’avoir écrit sur Facebook: "En tout cas, si y a quelqu’un qui a besoin d’aide pour chanter…"" Nous savons aussi que son pote du secondaire Julien Morissette, qui fait également partie du combo gatinois Tracteur Jack, avait en main, au même moment, quelques chansons de style country-folk. C’est ensemble qu’ils ont ainsi écrit les premières pages de la jeune histoire de Bourbon Bay.
Après d’éparses premières soirées à jouer sur des laveuses montréalaises où le whisky s’avérait la boisson de rigueur, le duo a entrepris de présenter le fruit de son labeur lors d’une soirée open mic, ce qui est venu sceller la destinée de la formation en devenir. Julien Morissette: "Bourbon Bay a toujours été sans prétention. Les premières années se sont passées beaucoup de façon on and off, et c’était bien comme ça. On joue du folk, pis c’est ça."
Stéphanie St-Jean ajoute: "En même temps, je crois que Julien avait des trucs à sortir, et moi, j’avais besoin de participer à quelque chose comme ça."
Au fil des mois ponctués de road trips pleins de promesses créatrices, notamment aux États-Unis, Bourbon Bay a su entretenir moult accointances musicales (notamment auprès de Bernard Adamus et Canailles!), s’adjoindre les services de passionnés musiciens locaux, prendre part à une dizaine de concerts et produire un joli EP, Black Coffee & Silver Screen, qui contient cinq chansons qui s’incarnent dans une dualité qui lui sied bien: le folk et le cinéma.
Outre les passions communes, tant St-Jean que Morissette chérissent les moments passés sur la route. "À un moment donné, on aimerait partir aux États pour faire la tournée des open mic là-bas, soutient la chanteuse. Ce serait bien de voir la réaction de vrais anglophones face à des francophones qui s’approprient leur langue et leur musique."
Julien Morissette conclut: "D’ici là, on va continuer de faire de Bourbon Bay ce qui nous plaît, sans plans de comm’, sans horaire précis. Partir sur une gosse. C’est super quétaine, mais on vit notre musique dans le présent. Et on entend bien continuer comme ça."
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