Jean Custeau : Grosses moustaches
Musique

Jean Custeau : Grosses moustaches

Sur Brassens d’abord!, Jean Custeau interprète l’immortel Georges. De grosses moustaches à chausser!

Au milieu de la table d’un bistro, Jean Custeau empile les exemplaires du Journal des amis de Georges, comme pour s’assurer qu’on ne doute pas de l’admiration qu’il a pour Brassens. Si seulement vous aviez pu voir ses yeux jaillir de leurs orbites à la seconde où on a balancé – manoeuvre pour le sortir de sa torpeur béate – la question insolente: "Brassens, c’est pas un peu tout pareil?" "Mais quelle bêtise! tempête-t-il, sourire en coin. Sa musique est très complexe. Ça pouvait lui prendre une journée pour trouver un accord! Il a toujours dit que même si c’est hyper travaillé, faut pas que ça paraisse, faut que ça coule. Brassens, c’est une perfection d’écriture inatteignable."

Contagieux plaidoyer que Custeau sert alors que paraît Brassens d’abord!, album qui rassemble enfin les classiques que le musicien-à-tout-faire, la soixantaine, chante sur scène depuis toujours. "L’énergie de ma guitare électrique tranche avec celle de l’habituelle guitare acoustique", plaide-t-il pour justifier cet ajout au catalogue déjà imposant des interprètes de Georges.

Parmi les immortelles Les copains d’abord, Les amoureux des bancs publics et Mourir pour des idées, Custeau intercale par ailleurs trois nouvelles chansons: Derrière tes moustaches, humble coup de chapeau de l’élève au maître, Rue Brassens, sur des paroles de l’exégète Joseph Moalic, et L’orphelin, mise en musique d’un texte que le poète anarchiste avait laissé derrière lui.

Invité à décrire la "parcelle de magie" que l’autorité brassensienne Jean-Paul Sermonte lui attribue dans une élogieuse note de pochette, Custeau dira: "Je pense que ça a beaucoup à voir avec l’accent québécois, que je ne tiens pas à faire sentir, mais qui est inévitablement perceptible."

Il pourrait continuer pendant des heures, le passionné. Au sujet de l’inventivité de son accordéoniste, Pierre Olivier Ouellet: "Sur la Supplique pour être enterré à la plage de Sète, une toune beef, 13 couplets, il ne joue pas une fois la même chose!" À propos de l’expo Brassens qu’il a visitée à la Cité de la musique de Paris: "Je me suis assis devant la captation d’un de ses shows à Bobino pendant un bon bout, totalement absorbé!" En évoquant la grammaire de Brassens: "Essaie de trouver aujourd’hui un chanteur capable d’utiliser le subjonctif!" On cherche encore.

Jean Custeau
Brassens d’abord!
(Indépendant)