Maison symphonique de Montréal : Comme à la maison
Bon, tout n’y est pas encore parfait, mais ne boudons pas notre plaisir, la salle de la Maison symphonique de Montréal est un grand pas en avant! Retour sur l’inauguration, le 7 septembre dernier.
L’une des premières personnes que je croise en entrant dans la nouvelle résidence de l’Orchestre symphonique de Montréal est le compositeur Gilles Tremblay, dont la Première Chaîne de Radio-Canada annonçait le décès par la bouche d’Ève Payette durant le bulletin d’actualités culturelles du 5 septembre dernier (une véritable honte!). Heureux de voir que ce n’est pas le cas! C’est la cohue à l’entrée. Le personnel s’y bouscule, multipliant les indications nébuleuses. À l’intérieur de la salle, c’est le contraire. Dépourvu et sans grand repère, on cherche les placiers… Passons, c’est une première pour tout le monde.
En attendant que ça commence, l’oeil a quand même de quoi s’occuper; tout ce bois, c’est beau, chaud – pas besoin d’un doctorat en acoustique pour comprendre d’emblée que ça sonnera mieux qu’à Wilfrid-Pelletier.
C’est la voix de la soprano Erin Wall que l’on entend d’abord, lançant, fantomatique, les premiers sons de Jesus erbarme dich, de Claude Vivier, avant d’être rejointe par le choeur. Wow. Le son nous enveloppe et semble prendre des couleurs qu’on ne lui connaissait pas. D’où je suis (corbeille, rangée C, plein centre – idéal), les aigus sont cristallins sans être coupants et les basses prennent des teintes d’une rare obscurité; les attaques sont plutôt rondes, ce qui ne sera pas toujours une qualité, mais pour une oeuvre vocale, c’est superbe. Après des lectures de textes assez peu inspirantes, le flûtiste solo de l’orchestre, Timothy Hutchins, prend le relais, juché au fond de la scène, fin seul, avec Envol: Alléluia de Tremblay. Lui et moi sommes pratiquement aux deux extrémités de la salle, et j’entends le moindre de ses soupirs. C’est extraordinaire, mais ça pourra aussi être dangereux, et ça pose déjà quelques problèmes… Les gargouillis du voisin sont magnifiés aussi! Et les tousseurs de fond jouent en surround… Bref, les défauts de ses qualités.
Lorsque l’orchestre entame Qu’un cri élève nos chants!, la commande de l’OSM à Julien Bilodeau, donnée en création, on prend finalement la pleine mesure de l’affaire. Sans doute, il y a des ajustements à faire (atténuer la rondeur, surtout), mais on est déjà à des années-lumière de Wilfrid-Pelletier… Jamais entendu la harpe comme ça! Et les timbales!! Et les cordes!!! La musique de Bilodeau aura prouvé au public présent qu’on peut être vivant et faire sonner un orchestre… Le public de la télévision, arrivé après, n’aura pas eu la chance d’entendre ça.
Kent Nagano a clos cette soirée inaugurale en dirigeant une Neuvième de Beethoven dans un tempo plus standard que la version de course qu’il nous avait offerte lors de son arrivée en poste, en septembre 2006, et ça sonnait magnifiquement. Mais ça, on le savait déjà!
Journées portes ouvertes de la Maison symphonique de Montréal: les 8, 9 et 10 septembre
À ne pas manquer /
Les 13 et 14 septembre, 20h
OSM/Kent Nagano
Glazounov: Concerto pour violon (Joshua Bell)
Tchaïkovski: Méditation
Messiaen: Turangalîla-Symphonie, pour piano (Angela Hewitt), ondes Martenot (Jean Laurendeau) et orchestre
Non mais, on peut-y savoir qui nous parle? Qui signe cet article?
Merci, ano-nymus, de révéler votre nymus!
Monique
Désolée, M. Beaucage, je viens seulement de voir votre nom et même votre visage, à droite, en dehors du texte. Merci pour votre bon article.