Pascale Picard Band : One of the boys
Musique

Pascale Picard Band : One of the boys

Avec A Letter to No One, le Pascale Picard Band assume enfin sa popularité on ne peut plus probante. Afin d’éviter que ça lui monte à la tête, il repart à la case départ.

Cet été, Pascale Picard et son band homonyme ont parcouru le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie dans le cadre de leur toute première tournée mise sur pied en aval de la parution de leur deuxième gravé, A Letter to No One. Quatorze concerts intimes, devant de petites foules, desquels les boys – Pascale incluse – ont su tirer quelques conclusions.

"Tout le monde parle de la pression du deuxième album, mais pour moi, peu importe que ce soit ton deuxième ou ton sixième, il faut repartir à zéro. Recommencer à la case départ, peu importe le nombre de disques que t’as vendus auparavant", soutient la chanteuse en direct de sa terrasse ensoleillée de Québec. "On avait certaines craintes, mais là, elles se sont envolées. On est ben contents", affirme-t-elle avec toute la fougue adolescente qu’on lui connaît.

Écoulé à plus de 300 000 exemplaires tant au pays que dans l’Hexagone, l’album renfermait une poignée de pièces (Gate 22, Smilin’) qui ont fait la pluie et le beau temps dans les stations radio de la province. Mais cette popularité, Picard l’attribue à la série presque interminable de concerts qui a précédé de quelques mois la parution de Me… en 2007, et qui s’est poursuivie jusqu’à ce que le band entre à nouveau en studio, début 2010. "Tsé, on était toujours en tournée. Ça a permis aux gens de connaître l’album, de savoir qui on était."

La grande vadrouille française

Cette popularité française, le Pascale Picard Band a su en soutirer les bienfaits, dont un tout nouveau contrat de disques. Picard explique: "À l’époque de Me, Myself & Us, Universal France a décidé de racheter notre contrat québécois. Le Pascale Picard Band est désormais un produit français. C’était plus facile comme ça: plus de moyens, plus de ressources… Et c’est pas parce qu’on est rendus français qu’on n’est plus québécois. On a mis nos culottes pour "dealer" un contrat qui stipulait qu’on allait toujours faire affaire avec notre gang." A Letter to No One se révèle donc le premier fruit de cette entente bleu, blanc, rouge.

Résultat: 14 chansons signées qui témoignent de la synergie bonhomme qui règne au sein du combo complété par Philippe Morissette (basse), Marc Chartrain (batterie) et les deux guitaristes André Papanicolaou et Louis Fernandez, revêtent les couleurs de JF Lemieux à la réalisation et mettent en relief la voix sucrée au caractère vulnérable de la chanteuse. "Quatorze chansons, c’est beaucoup, concède Picard. Tant pis si y en a qui sont moins fortes. On s’est dit que ça faisait quatre ans qu’on n’avait rien sorti, et que ç’aurait été ridicule d’en offrir seulement 10 nouvelles. Si certaines personnes n’aiment pas telle ou telle chanson, on s’en fout un peu: c’est pour ça que le bouton fast forward existe. Nous autres, on les aimait toutes."

Et la France? Elle peut bien attendre un peu. Le band ne veut pas être pris dans un tourbillon semblable à ce qu’il a connu à ses débuts chez nos cousins. "Même si un an séparait les deux sorties du premier disque, il y a eu beaucoup de problèmes et de conflits d’horaire. On recevait des appels du genre: "Ben là, ton show, il faut l’annuler parce qu’on vous demande sur le plateau de Taratata." Évidemment, c’est le genre de truc qui ne se refuse pas. Tu dis pas non à Nagui. Mais en même temps, on a comme politique de ne pas annuler de shows, à moins de force majeure. Par respect pour celui qui a acheté son billet, pris congé de la job ou qui s’est trouvé une gardienne pour venir nous voir jouer, défend-elle, catégorique. On entend laisser vivre l’album au Québec, puis on verra pour la suite."

Pour le reste

Et la suite? "Elle nous semble ben excitante. Tsé, avec le contrat mondial qui nous lie à Universal, ils peuvent bien décider de lancer l’album en Grande-Bretagne du jour au lendemain. Mais on reste conscients qu’on est un band parmi tant d’autres bands bourrés de talent et que la compétition est forte, relativise la guitariste aux cheveux d’ébène. C’est pas qu’on n’a pas d’ambition, c’est juste qu’on est désormais conscients qu’on n’a pas de pouvoir sur ben des choses."

Tout un changement de ton et d’attitude pour Pascale qui, en l’espace de deux ans – son dernier passage en région -, a cumulé l’assurance nécessaire pour affirmer haut et fort ce dont son band est capable. La Pascale Picard forte et déterminée à qui l’on parle n’était, il n’y a pas si longtemps, qu’une musicienne encore sous le choc d’un succès si probant, presque incertaine de mériter tout le battage qui s’était créé autour d’elle. Différence que l’on signale à la chanteuse, qui conclut joyeusement: "Sans se poser de questions, on a juste grandi dans cette folie-là. On est restés les mêmes là-dedans. S’il y a une chose qui a changé, c’est le regard des autres sur nous. Le fait d’avoir été un band, ça m’a sauvé la vie. J’aurais pas été en mesure de faire face à tout ça sans mes trois boys. J’aurais viré folle."

À écouter si vous aimez /
Ani DiFranco, Kasey Chambers, The Cranberries