Patrice Michaud : Conte-moi une chanson
Musique

Patrice Michaud : Conte-moi une chanson

Sur scène, l’auteur-compositeur Patrice Michaud allie, comme dans "un gros cipâte", selon ses dires, les traditions du conte aux mouvances de la chanson franchement québécoise.

En 2005, le Centre d’instruction d’été des cadets de l’armée de Cap-Chat fermait ses portes, les hauts dirigeants des Forces canadiennes prétextant des frais de fonctionnement devenus exorbitants. Du coup, l’un des moteurs économiques primaires du village du nord de la péninsule gaspésienne venait de disparaître.

L’événement a peu touché Patrice Michaud, mis à part qu’il a vu sa mère, qui "cuisinait tous les desserts offerts à la cafétéria", perdre un lucratif gagne-pain. Ces sombres souvenirs lui permettent néanmoins de revenir sur ses humbles débuts aux abords du golfe du Saint-Laurent, avant qu’il ne devienne la coqueluche des concours de relève musicale (il a été, notamment, le grand gagnant à Granby en 2009). Ne vous imaginez pas le grand-père à la chaise berçante qui raconte; son goût pour l’oralité a simplement coulé de source. "J’ai développé beaucoup d’admiration pour ceux qui arrivaient à tourner un récit comme il faut. En utilisant juste ce qu’il fallait pour t’accrocher", relate l’artiste qui réside désormais à Québec.

Si le spectacle de sa tournée en cours s’articule autour des chansons issues de Triangle des Bermudes, son premier album paru au printemps dernier, Michaud cède volontiers une place importante au conte, forme d’art dont il a saisi l’essence première plus aisément, comparativement à la chanson, qu’il concède trouver plus ardue. "L’envie de la parole orale a toujours été là. L’écrit est venu plus tard. Et l’envie de mélanger tout ça, c’est un peu à l’origine de ma décision de vouloir faire ça dans la vie, de penser que je pouvoir avoir ma place là-dedans."

Michaud prend une pause, affirme avoir "de la difficulté à l’expliquer", mais se lance: "Le conte, le monologue deviennent comme une soupape intéressante pour ensuite retourner à la chanson. Le conte me permet de me sentir délié; sur scène, le conte, la musique, les histoires prennent tout leur sens. Dans le conte, il existe une adresse au public qui devient plus facile, et les chansons bénéficient directement de ce lien tissé avec le public."

Ses chansons, il les préfère sans artifices, comme Triangle des Bermudes en fait état. "J’aime les chansons simples, mais c’est difficile à faire. Les Beatles étaient des maîtres des chansons toutes simples. Je m’évertue encore à essayer d’en faire quelques-unes, mais c’est pas évident."

Facile ou pas, il doit désormais porter le flambeau de la musique cap-chatienne, longtemps porté par Kathleen et son célèbre Ça va bien! "Je suis juste le suivant. Kathleen et moi, on a des démarches artistiques et des résultats un peu différents," conclut Patrice Michaud, bonhomme.

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