Sergent Garcia : Sergent prend du galon
Sergent Garcia est à nouveau un homme libre et poursuit sa quête musicale un peu partout sur la planète. L’artiste n’est pas près de poser ses valises.
Bruno García a fait un retour aux sources en réalisant Una y otra vez, un nouvel album qui fait suite à Mascaras, paru il y a déjà cinq ans. Ce délai s’explique surtout par le fait que l’artiste, mieux connu sous le nom Sergent Garcia, a dû se retrousser les manches et repartir à neuf. Après une longue collaboration avec la compagnie de disques EMI, le musicien se retrouve maintenant sur un label indépendant, en plein contrôle d’une direction artistique qu’il veut ouverte sur le monde. "On ne vend plus de disques aujourd’hui, et moi je veux enregistrer un album dans quatre pays différents avec 27 musiciens! C’est un projet de fou, mais c’est ça qui donne du piquant à la vie d’artiste. Je ne peux pas faire les choses autrement."
La pilule doit tout de même être difficile à avaler lorsqu’on se retrouve "tabletté", à titre d’artiste, par une multinationale qui préfère accorder temps et argent aux nymphettes de la pop. La plupart du temps des feux de paille commerciaux auxquels Bruno García ne peut s’identifier. "Je n’ai jamais attendu l’accord des maisons de disques pour réaliser un projet. Et lorsque ce genre de divorce arrive, on ne tombe pas de haut non plus. On voit venir la fin, ça dure des mois et des mois. Dernièrement, EMI a remanié son personnel et fait beaucoup de changements. Pour nous, l’argent n’était plus là et l’intérêt non plus. On a alors compris que la compagnie n’était plus motivée à travailler avec nous. De toute façon, j’ai existé avant la major et j’existerai après. Du moins, j’espère!" souhaite-t-il en riant.
Sergent Garcia admet sans réserve que c’est la rencontre avant tout qui l’anime lorsque vient le temps d’enregistrer. Que ce soit en Espagne (son pays d’adoption), à Paris, à Cuba ou en Colombie, il prend son pied à faire le tri dans les musiques traditionnelles latines et à jouer au chef d’orchestre visionnaire. "Ça fait maintenant six ans que je visite la Colombie, un pays qui a souffert d’une couverture médiatique négative: la guerre, la corruption, le cartel de la drogue, les enlèvements et Ingrid Betancourt… Les gens te remercient de venir travailler chez eux tellement ils sont heureux d’accueillir un visiteur. La culture musicale de ce pays est unique. Géographiquement, la Colombie, c’est la réunion entre l’Amérique du Sud et les Caraïbes. C’est un pays qui a une côte pacifique et une côte atlantique. Pour un musicien comme moi, c’est le laboratoire idéal!"
On pourrait s’imaginer que la gestion d’un tel voyage musical comporte son lot d’imprévus et certains risques financiers, de quoi faire sourciller certains producteurs, et même une compagnie de disques. "Pas du tout. On connaît très mal la Colombie. Du côté de la musique, c’est très bien organisé. J’ai même engagé des techniciens d’origine colombienne pour cette tournée américaine tellement ils sont pros. Pour eux, faire de la musique en Colombie, alors que le chaos régnait, c’était un acte de résistance. C’est ça aussi qui m’inspire. Attendez d’entendre le clarinettiste Jacobo Velez qui m’accompagne. Là, vous allez comprendre!"
À écouter si vous aimez /
Manu Chao, Los Amigos Invisibles, La Mojarra Electrica