Wilco : Au rythme de l’ère post-Yankee

Avec son tout nouveau disque, The Whole Love, Wilco renoue avec une tradition instaurée sur les Yankee Hotel Foxtrot et A Ghost Is Born, soit déstabiliser l’auditeur avec une première pièce atypique.

Comme l’ont fait avant elle l’atmosphère décalée de I Am Trying to Break Your Heart et les explosives notes martelées de At Least That’s What You Said, l’ambiance électro très radioheadienne de Art of Almost nous rappelle qu’il faut cesser toute autre activité lorsqu’on entame la première écoute d’un nouveau rejeton de la formation de Chicago.

À travers ses 7 minutes, la chanson emprunte différents chemins pour se conclure dans une frénétique montée punk. "Ça faisait des semaines que nous n’avions pas travaillé cette composition lorsque j’ai proposé une finale ultrarapide", explique le batteur du groupe folk-rock Glenn Kotche. "Je crois que tous les musiciens souhaitent accrocher les gens avec la première pièce de leur album. Une question de première impression. Pour nous, ces pièces prennent l’allure d’un statement, et comme Wilco change souvent de son, l’effet de surprise fonctionne plutôt bien."

On trouve de tout sur ce huitième album studio de Jeff Tweedy et sa bande: les explorations audacieuses de Art of Almost, quelques ballades atmosphériques, des titres plus pop – dont l’excellente Born Alone inspirée des poètes américains du 19e siècle – et une touchante complainte de 12 minutes, One Sunday Morning. "Sur le dernier disque homonyme, tout était plus contrôlé. Notre intention était de produire de simples et bonnes chansons pop. Cette fois, avec notre propre étiquette de disques (dBpm) et notre loft maintenant transformé en véritable studio d’enregistrement, nous nous sommes donné beaucoup plus de liberté. Nous voulions explorer, accoucher de deux ou trois versions d’une même pièce avant de passer à la suivante. Dès qu’un membre proposait une idée nouvelle, nous prenions le temps de l’essayer."

Si s’entretenir avec le batteur d’un groupe peut s’avérer fastidieux, Glenn Kotche est certainement une exception exemplaire. Survenue en pleine production de l’album Yankee Hotel Foxtrot, son arrivée au sein de Wilco a grandement contribué à jeter les bases sonores de ce qui allait devenir la deuxième vie du groupe: l’après-A.M. (1995), Being There (1996) et Summerteeth (1999), lorsque le groupe s’est mis à triturer ses pièces, leur conférant une nouvelle profondeur ancrée dans un travail d’exploration sonore.

"Jim O’Rourke m’a présenté à Wilco parce que je provenais justement d’un milieu complètement différent, celui de l’improvisation musicale. Je lançais des albums solos de percussions très champ gauche, et c’est ce qui a intéressé Jeff Tweedy. Après avoir joué une première fois avec moi, il m’a dit que Wilco souhaitait s’engager dans une nouvelle voie musicale. Il travaillait sur un album, mais n’avait pas encore trouvé le bon équilibre. Il croyait pouvoir obtenir de meilleurs résultats avec moi. Au fond, je ne crois pas avoir eu un grand impact sur le groupe… Wilco se dirigeait déjà vers cette approche plus éclatée. J’étais juste une pièce manquante du puzzle."

Wilco
The Whole Love
(dBpm)
En vente le 27 septembre

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