10 ans de Pop Montréal : Je me souviens, dude
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10 ans de Pop Montréal : Je me souviens, dude

Alors que la brise automnale souffle sur les 10 bougies coiffant le gâteau Pop Montréal, nos journalistes et le Directeur artistique du festival, Dan Seligman, plongent dans la boîte à souvenirs et proposent leur concert incontournable de la présente édition.

DAN SELIGMAN

"En 2005, nous avions prolongé le Pop jusqu’au lundi pour présenter le premier concert de Gonzales en Amérique du Nord, un spectacle solo au piano avec Irving Fields en première partie. J’étais exténué, vidé par les quatre premiers jours du festival, et Irving Fields me faisait de l’attitude à l’aéroport parce que je n’avais pas fait de pancarte à son effigie pour qu’il me reconnaisse. Au même moment, Gonzales m’appelait sur mon cell pour m’engueuler parce qu’on ne lui avait pas trouvé son modèle de piano préféré. J’étais au bord de la crise de nerfs, mais au final, Fields a été fort content de jouer devant une salle pleine, et Gonzales a fait croire aux spectateurs qu’il acceptait de jouer sur ce piano merdique parce qu’il venait du sous-sol de la maison de ses parents à Montréal. L’un des plus beaux concerts de l’histoire du Pop."

Conseil-concert: Je suis particulièrement content d’avoir attiré Death Grips (23 septembre, Lambi) qui est sans doute le projet le plus novateur entendu depuis quelques années: le hip-hop de Public Enemy rencontre le hardcore de Fugazi. J’attends aussi les Raincoats et le concert de Leloup et ses Last Assassins.

OLIVIER ROBILLARD LAVEAUX

On ne présente plus vraiment de concert au Jupiter Room, et ce n’est pas une mauvaise chose. Bien que charmant, le bar comptait sur une scène à peine surélevée. Si le spectacle était moindrement couru, impossible d’y voir quoi que ce soit. Ce 28 septembre 2002, les festivaliers arrivés assez tôt pour s’assurer d’une place étaient debout sur les banquettes, les tables et même sur le comptoir au bar pour observer quatre New-Yorkais leur balancer la détresse post-Joy Division de leur sublime premier disque, Turn On The Bright Lights. C’était avant la reconnaissance mondiale du groupe, avant sa prétention et la série d’albums moyens qu’il allait ensuite offrir. C’était Interpol au plus beau moment de sa carrière, livré juste avant un concert réunion des Nils au Miami, un bar miteux situé juste en face, sur Saint-Laurent.

Conseil-concert: Absent au FME, j’ai manqué la performance d’Amanita Bloom au convivial bar Les Chums. Il faudra se reprendre le 23 septembre à l’Escogriffe pour attraper son mélange de rock indé et d’influences plus classiques à la Springsteen.

PATRICK BAILLARGEON

Le meilleur souvenir que j’ai de ce festival n’est pas nécessairement celui d’un concert en particulier, mais bien de l’ambiance générale qui y règne. Le fait de se retrouver dans un endroit inusité – une des particularités du Pop – pour entendre un groupe qu’on connaît ou dont on n’a jamais entendu parler, les déplacements d’une salle à l’autre en vélo, le public bigarré à l’image du vrai Montréal bilingue et cosmopolite, le côté DIY et sans prétention du festival… C’est ça le Pop et c’est cet esprit si particulier dont on se souvient et qu’on revit à chaque édition avec plaisir.

Conseil-concert: Choisir un concert à voir plus que les autres parmi l’imposante liste de cette 10e édition est impossible. Alors aujourd’hui je vous dis El Hijo de la Cumbia, de Buenos Aires, le 22 septembre au CFC, pour une petite démonstration de ce qu’est la nueva cumbia. Mais demain, je pourrais bien vous parler de We Are Enfant Terrible le 24 septembre au Métropolis, sans doute un des groupes électro les moins superficiels de France.

OLIVIER LALANDE

Un concert raté, en fait. Celui de Chilly Gonzales à l’Église Saint-Jean-Baptiste en 2006. Le personnage avait tenté d’adapter son concert Solo Piano à l’orgue d’église, mais semblait perdu au clavier du gigantesque instrument. Reste qu’Iron Man de Black Sabbath à l’orgue, c’est cocasse. Et cette tentative des organisateurs de donner lieu à une "communion" en distribuant des carrés de chocolat, disons, "assaisonnés" avait tout de sympathique. Le show n’a pas marché, le "chocolat" non plus, mais A+ pour l’effort.

Conseil-concert: Le Ponderosa Stomp Revue au Cabaret du Mile-End le 23 septembre avec Ralph "Soul" Jackson et The Velvelettes, deux figures oubliées mais authentiques du soul des années soixante. Lee Fields, dans le même créneau, avait provoqué tout un party en 2009. On souhaite rien de moins cette fois-ci.

MARIE HELENE POITRAS

Se souvenir des shows marquants des précédents Pop est une tâche ardue tant, d’année en année, l’offre est abondante, et les ravissements, pas toujours là où on les attend. Patti Smith en grande prêtresse punk assagie, comme une icône dans la lumière gazeuse de l’Église Saint-Jean-Baptiste; le géant délicat Antony, sa perruque noire et les soeurs CocoRosie à La Tulipe; mais surtout, par-dessus tout le concert de Gonzales en 2005 au National, son premier spectacle à Montréal. Gonzo est revenu souvent à Montréal par la suite, mais jamais en état de grâce comme lors de cette première "date" où une petite foule de hipsters mangeait dans sa main…

Conseil-Concert: Outre Arcade Fire, il faut voir Galaxie le 24 septembre à la Maison des arts de Laval. Pour le thrill de voir un groupe soudé, en totale maîtrise de son art.

Jusqu’au 25 septembre
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