Vincent Segal : Électron libre
Musique

Vincent Segal : Électron libre

Pour Vincent Segal, la musique n’a pas de frontières. Sa dernière aventure avec Ballaké Sissoko nous le confirme. Avec lui, tout est possible.

À écouter parler Vincent Segal, on jurerait que le Canada lui a tout appris. À peine quelques questions lui sont posées que, déjà, le violoncelliste nous fait l’éloge de grandes figures rencontrées lors de certains séjours au pays, alors qu’il venait tout juste de sortir du conservatoire à Paris. "Nous avions accès à des bourses d’études pour des classes de maître, se rappelle-t-il. Lorsque j’ai vu ce concours ouvert pour un stage à Banff, en Alberta, et les noms qui y figuraient, je n’ai pas hésité. Le Canada et le Québec m’ont donné la chance de m’ouvrir à autre chose que la musique classique et d’explorer à titre d’interprète. Ça, la France et le conservatoire ne pouvaient pas me l’offrir à l’époque. Quand vous faites de la musique classique, chez nous, il n’y a que ça. Du moins, c’était ainsi dans les années 80. Chez vous, c’était déjà l’aventure. On pouvait expérimenter. En fait, on pouvait tout faire!"

Dans sa mémoire, les noms se bousculent: l’artiste multidisciplinaire Michael Snow, le peintre Michel Daigneault, la compagnie de danse contemporaine La La La Human Steps, les musiciens René Lussier et Eric Longsworth, et même l’actrice Carole Laure. Vincent Segal décline ces noms avec admiration, tout en soulignant l’effervescence d’une époque formatrice. "J’ai surtout l’impression qu’on pouvait se projeter vers l’avenir à titre d’artiste. Toutes ces personnes m’ont incité à faire du rock, par exemple. J’ai rencontré Edgar Meyer [contrebassiste et compositeur] par la suite, à New York, une autre figure importante dans ma carrière. C’est sans doute tout ça qui m’a amené à être aussi polyvalent!"

Sa carrière est impressionnante. On a retrouvé le violoncelliste aux côtés de Bashung, M (Matthieu Chedid), Sting et Elvis Costello. Malgré toutes ces collaborations, rien ne l’empêche de mener à terme divers projets parallèles, tels que Bumcello, un duo avec le percussionniste Cyril Atef, et, tout dernièrement, la réalisation du disque Chamber Music, produit avec le musicien malien Ballaké Sissoko, un virtuose de la kora. "Je n’ai pas de projet solo. Je fais des rencontres, voilà tout. Avec Ballaké, c’est ça. Je l’ai rencontré en Afrique et en Europe ces dernières années et c’est lui qui a suggéré l’idée de faire un disque. Ce qu’on partage ensemble, c’est avant tout le plaisir d’écouter de la musique. D’ailleurs, je me considère plus comme un mélomane qu’un musicien."

"Avec Ballaké, ajoute-t-il, nous avons élaboré un dialogue musical. Ces compositions sont le résultat d’une écoute réciproque. Les interprètes de la kora sont souvent sollicités par des ensembles de musique "contemporaine", comme le jazz ou la musique moderne. Je peux vous dire qu’ils se font chier dans de tels contextes. Ballaké est traditionnel dans sa façon de jouer de l’instrument. En retournant aux racines folks, où toute forme d’amplification est mise de côté, là, un vrai dialogue s’installe. C’est un peu ça qu’on a essayé de faire avec ce disque."

À voir si vous aimez /
Djeli Moussa Diawara, Edgar Meyer, Bumcello