We are enfant terrible : Rencontre explicite
Musique

We are enfant terrible : Rencontre explicite

We are enfant terrible n’est pas si méchant que ça et a pris par surprise la scène pop électronique. Discussion avec un trio français qui mélange tout avec goût.

Le groupe français We are enfant terrible, c’est presque une histoire de famille. En feuilletant le livret qui accompagne le disque Explicit Pictures, on remarque tout de suite ces quelques clichés sortis tout droit d’un album photo familial, des souvenirs de jeunesse éparpillés au hasard. Les membres du trio, Clotilde Floret (voix), Thomas Fourny (guitare) et Cyril Debarge (batterie et échantillonnages), aiment bien répéter que leur rencontre remonte presque à la petite école et que ce projet musical, lancé il y a trois ans, est le fruit d’une rencontre fraternelle. "Du moins, Thomas et moi, on se connaît depuis très longtemps, précise Clotilde Floret. On s’est revus et il m’a invitée à me joindre à lui pour écrire des textes sur certaines chansons. Ce n’est que plus tard que nous avons fait la rencontre de Cyril. Du coup, notre travail a pris une tout autre tournure. Tout a basculé et Cyril est devenu notre spécialiste de l’électro."

Un an d’expérimentations a suivi pour forger le son du groupe, qui n’est pas si méchant que ça. Alliant le rock-pop new wave à l’électro 8-bit (une banque de sons correspondant à un octet qui servait jadis aux trames sonores de jeux vidéo), la formation a commencé à faire parler d’elle en Europe lors de la sortie d’un premier EP (Thanks for the Fish) il y a deux ans, et a pu signer son premier contrat de disque en 2010 avec Last Gang Records grâce à un spectacle donné à Toronto. Comparé la plupart du temps à Crystal Castles, le groupe s’est construit depuis une réputation scénique enviable, même si le fait de chanter en anglais ne semble pas beaucoup le servir en France. "C’est différent à Paris, indique Clotilde, native de Lille. Mais je suis surprise de constater qu’il y a encore un blocage dans le reste de la France. Du moins, il n’y a pas assez de diversité à mon goût."

"Si on chante en anglais, ça ne veut pas dire qu’on veut insulter Gainsbourg ou Brassens, qu’on adore aussi, continue-t-elle. C’est tout simplement un choix artistique. Notre musique est le reflet de nos influences: le rock britannique, la musique française et la musique électronique, dont Cyril et Thomas sont des amateurs. On a un plaisir fou à faire des expérimentations musicales au sein de ce groupe. Le 8-bit, ce n’est que quelques notes, alors c’est plutôt la texture des sons qui nous intéresse. C’est une façon d’utiliser une matière et de mélanger tout ça à notre musique. Le but de cette aventure, c’est de se retrouver sur scène et de voyager."

Sans compter que l’écriture de cette grande brune contribue aussi à la personnalité du groupe et procure un juste contraste par rapport à l’esthétique sonore parfois ludique de WAET. "Je porte toujours une forme de regard à moitié ironique sur une société qui devient parfois trop absurde. Ça n’a rien de drôle et notre intention n’est pas seulement d’en rire, mais disons qu’on arrive à en faire une lecture au 18e degré. C’est ce qui se distingue aussi dans le nom du groupe. Quand c’est terrible, en France, eh bien ça veut dire que c’est génial!"

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