Carmen Souza : La protégée
Musique

Carmen Souza : La protégée

Carmen Souza effectue sa première visite à Montréal avec un quatuor qui a tout pour plaire. Chronique d’une musique pétillante, d’un succès annoncé…

On est encore tôt dimanche matin, mais la chanteuse au téléphone est fort bien disposée. Il faut dire que le spectacle à Vancouver, la veille, s’est très bien déroulé. On a fini avec toute la salle debout, gigotant sur le thème d’Afri Ka, un des plus flamboyants de son disque Protegid.

"Je suis une citoyenne du monde. Oui, j’habite Londres. J’ai grandi en Europe, mais enracinée dans ma culture africaine: la langue, la musique, la nourriture. Quand ces gens émigrent du sud, c’est avec tout ce bagage qui ne peut jamais les quitter. Et dans notre cas, cela implique aussi une forte connexion avec les autres pays de culture lusophone comme l’Angola, le Mozambique et le Brésil."

Ses parents ont donc quitté le Cap-Vert pour le Portugal lorsqu’ils étaient dans la vingtaine. Carmen Souza, née à Lisbonne, devient musicienne sur le tard, à la fin de l’adolescence. Étudiante en langues, elle perfectionne son anglais et son allemand lorsqu’elle décide d’auditionner pour le nouveau groupe du réputé contrebassiste et arrangeur Theo Pas’cal. C’est un formidable déclic qui se produit alors, qui change leurs vies de manière instantanée. Dix ans et trois albums plus tard, les voilà prêts à conquérir le monde.

"J’ai vraiment de la chance de travailler avec lui dans l’élaboration d’un tel projet. Du départ, ça a été spontané et naturel; c’est maintenant plus profond. On parcourt le monde entier, on est comme protégés, incroyablement chanceux de faire ce qu’on aime, de présenter notre propre vision, notre musique."

La base de cette musique, ce sont les rythmes traditionnels comme le funana, la morna, sur des mélodies également d’inspiration cap-verdienne… Mais le tout avec une autre twist qui vient de l’improvisation et des harmonies plus jazz. On est loin de l’immobile Cesaria Evora. Même si elle rend un hommage ému à la grande ambassadrice de Sao Vicente, notre Carmen semble posséder une personnalité autrement plus forte, colorée, qui miaule et s’éclate, passant des percussions à la guitare, puis au piano électrique pour jouer du Horace Silver, un grand jazzman américain, lui aussi originaire du Cap-Vert.

"Cela nous amène à un autre genre de sonorités, du tout au tout", confirme l’intéressée qui parle avec un bel enthousiasme de ses deux autres compagnons de scène: un batteur brésilien et un pianiste nigérian.

"Mon rôle, c’est de faire de la musique, conclut-elle. C’est ce à quoi je veux me consacrer pour le reste de mes jours."

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