Chloé Sainte-Marie : L’âme rapaillée
Dans le cadre du Festival international de la poésie de Trois-Rivières, la chanteuse Chloé Sainte-Marie présente son spectacle L’âme rapaillée, en hommage au poète québécois Gaston Miron.
C’est pour souligner le 15e anniversaire du décès de Gaston Miron que le Festival international de la poésie de Trois-Rivières (FIPTR) s’est approprié son vers "Je suis arrivé à ce qui commence" afin d’en faire la citation-thème de sa 27e édition. À travers plusieurs activités, la mémoire de celui qui se qualifiait de "commis voyageur de la poésie" sera honorée. Le spectacle L’âme rapaillée s’imposait donc de lui-même, puisque Chloé Sainte-Marie y prête sa voix aux écrits de ce grand poète québécois disparu, qui sont tantôt lus, tantôt chantés.
"J’ai beaucoup chanté Miron. C’est un poète qui me touche beaucoup. Sa poésie est tellement puissante", reconnaît Chloé Sainte-Marie. La chanteuse a d’ailleurs eu une relation privilégiée avec l’homme, le temps de son vivant, puisqu’il était alors lié d’amitié avec son conjoint Gilles Carle – décédé le 28 novembre 2009.
"Le soir où j’ai connu Gilles, j’ai connu Miron", se remémore-t-elle. C’était il y a tout près de 30 ans. "Nous étions au Café Les Gâteries et Gaston s’est assis à notre table. J’étais très impressionnée par cet homme qui parlait fort et déclamait ses poèmes."
Celui qui nous a fait se voir
Alors jeune et naïve, Chloé Sainte-Marie ne réalisait pas l’impact que Gaston Miron avait dans la société québécoise. "À cette époque, je me laissais aller à vivre ce qui se passait. Si j’avais eu un doctorat en poésie, la rencontre aurait pris un autre sens. Je voyais Miron comme un être à part. Un personnage", explique-t-elle. Ce n’est donc que beaucoup plus tard que les écrits du poète sont entrés dans la vie de la chanteuse, et qu’elle a pu en apprécier toute la profondeur.
"Ça a été pour moi un choc. Miron, c’est l’être qui nous a mis au monde, qui nous a fait se voir. Ça exprime qui je suis. Je me suis découverte moi-même en lisant ses écrits", affirme-t-elle. "Si vous aimez aimer, vous aimerez Miron. C’est le poète de l’amour."
L’âme rapaillée est un spectacle que Chloé Sainte-Marie fait ponctuellement depuis 2004. Accompagnée sur scène de ses musiciens Gilles Tessier et Davy Gallant, elle y interprète les nombreux poèmes de Miron qui ont été mis en chanson sur ses albums Je pleure tu pleures, Je marche à toi et Parle-moi. "Mais bon, je vais tout de même faire quelques chansons de Gilles Carle", admet-elle, un sourire dans la voix.
Chloé Sainte-Marie n’en sera pas à sa première présence au FIPTR. "À mon sens, il s’agit du plus beau festival de poésie du monde. Il a fait ses preuves et il est très couru. C’est un événement qui est vrai. Il n’y a pas de flaflas, on y fait des rencontres sincères", dépeint-elle en se réjouissant d’y participer.
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Le spectre de Miron
Le 14 décembre 1996, Gaston Miron s’éteignait à Montréal, à l’âge de 68 ans. Afin que la planète poésie se souvienne, le FIPTR, qui a remis cette année le Grand Prix Quebecor à Louise Dupré pour son recueil Plus haut que les flammes, lui rend hommage. Les concerts de Chloé Sainte-Marie et Gilles Bélanger (L’homme rapaillé en chansons), la conférence Gaston Miron, vous connaissez? de l’essayiste Pierre Nepveu ainsi que l’expo Des images et des mots inspirée des textes du célèbre poète québécois s’ajouteront donc aux quelque 400 repas-poésie, apéros-poésie, ateliers d’écriture et autres activités du rendez-vous littéraire. Du 30 septembre au 9 octobre. www.fiptr.com (Karine Gélinas)